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Barques (nouveaux poèmes d’amour)

Jean-Louis Cloët Jean-Louis Cloët, 1 mai 20093 août 2023

Je serais aujourd’hui bien incapable, je pense, de refaire ce type de textes. J’en faisais, je me souviens, jusqu’à vingt à trente par jour. J’en ai une caisse entière, remplie. Pour le premier Mai, je ressors de cet ensemble constitué de centaines de poèmes, le plus petit recueil.

BARQUES
(nouveaux poèmes d’amour)

(textes écrits en écriture automatique du 22 mars 1976 au 15 avril 1976)***
« EN GUISE DE PRÉFACE » :

X

*1

Je sais ton nom…
Je sais le risque décuplé de ceux qui te perdent le soir, à l’angle de leur nuit, lorsque le ciel déverse les troupeaux de biches de la cendre, avec la brume de ton corps au bout du fleuve, et le léopard de tes seins pour unique lanterne, aux grand lacs de leurs yeux pleins de barques…
je sais ton nom…

Je sais le songe des fougères immariées de tes mains nues, qui traversent les neiges bleues de la montagne de voix mûre et de silence, où les oiseaux s’en vont pleurer une dernière fois, pour mourir… :
je sais ce qui te fait souffrir, et les ongles de ta douleur qui se font charrue dans ma peau…

Je sais ton nom avec ses plages de serpents et ses étoffes de fleurs de toutes les couleurs, avec ses symphonies d’orages et de joies plus lourdes que les grappes de l’été :

…au biseau de ta nuit,
je sais ton nom,
comme une fleur de gel en plein été [1].

*2

AUX PLATES-FORMES DE TA VIGNE

Aux plates-formes de ta vigne, il y a des grappes de corps de sable chaud et des raisins de fleuve mort ; il y a des pannes de lune aux quais blancs de l’aurore en rade ; il y a des oiseaux et des échos aussi ; il y a des grands écriteaux qui disent à ceux qui les lisent :

PROPRIÉTÉ SEMI-PRIVÉE
entre qui veut, pourvu
qu’il se mette un sourire…

— Aux plates-formes de ta vigne, il y a… tant de vent [2] !…

*3

L’AIR DU LIT

Tes yeux débordent les papillons de printemps quand le Printemps joue à l’Été…

Tes yeux sont l’île de l’été, et du soleil…

Et ta voix d’anémone enbleutée de brouillard est aussi pure que le dard de l’abeille jaune et fugace…

Et ta voix envapée de coquillage rêve…

Et tes yeux,
et ta voix,
et l’ombre de tes seins,
se reposant sur moi [3]…

*4

CRÉPUSCULE DES OMBRES

Le tambourin des larmes a brisé sa morsure, et l’ombre de l’amour,
saigné sur l’oreiller…

Le silence a fermé les lèvres, et si fort qu’il goûte le sang, du bout des dents…

Les coroles ont gémi leurs danse d’algues bleues derrière les fenêtres, et peu à peu, peu à peu — agonie d’agonie —, à l’ombre bleue, elles sont mortes…
à l’ombre bleue,
à l’ombre bleue…

Le tambourin des larmes a brisé sa morsure ; le silence a fermé les lèvres, et l’ombre de l’Amour saigné, sur l’oreiller [4]…

*5

À L’ALLÉGRESSE DES GRILLONS

Le ferment de ta flamme a jailli, en même temps que la colombe du fourré !…
Regarde les étangs !…

L’esclave de la ville a conduit le corail du sommeil de ton corps, immense dans l’aurore d’allégresse des couronnes de boutons d’or, et des grillons…

Immense dans l’aurore de ton corps…
L’espace s’ouvre,
et moi,
à l’allégresse des grillons, dans le soleil.

Je monte
aux rocs célestes de tes hanches…
en me brûlant [5]…

*6

AUBE DES FIÈVRES

J’ai caché mon front chaud dans le tissu frémissant et bruissant de tes seins, comme un enfant, comme un enfant,
et longuement tu m’as bercé des contes si longs de silence […]

— et longuement tu m’as bercé —,
comme un enfant,
comme un enfant…

J’ai mouillé mon regard à l’eau de tes cheveux, à la cascade fraîche ; et tu m’as conservé niché comme un oiseau, et tu m’as laissé boire à toi, comme un enfant — comme un enfant —,
et tu m’as laissé boire à la cascade fraîche de ton corps où je ne lasse pas de boire, où je ne lasse pas de vivre à toi, par toi…

J’ai caché mon front chaud sur l’aube de ton sein, comme un enfant, comme un enfant…

Demain,
nous devenons l’Espace [6] !…

*7

TREMBLEMENT DE L’ÉCLAIR

Le soleil a tremblé l’amour définitif de la soif au frisson de la faim des sources…

Un soleil a tremblé,
RUE DE LA VIE
QUI MEURT

Un soleil a tremblé
RUE DE LA
DYNAMITE

— Ô qui dira le dernier mot : Amour ? Qui hurlera son cri qui meurt dans les prisons d’acier du baiser translucide et si pur de la mer, à la hanche des rocs, attendeurs de tendresse ?

Ô qui reniera donc les lèvres bleues du vent qui s’engourdit à la constance de ce nom de colonnades ?

Ô qui remuera donc le livre si blanc de l’Espace où les désirs ont rammassé leurs étoiles, ainsi que les pêcheurs ramassent les coquillages de l’air, et du sable, et de l’eau, […] dans le soleil [7] ?…

*8

AU PROFIL DES ÉTOILES

Un jour, ce fut dans le métal du lac bouillant de cendre et de miroirs brisés, que je sus ton profil d’étoiles échevelé par la crinière du vent fou…
Ce fut dans le métal du lac…

Une brise a crié la chaumière de lune ; et la porte a crié sur une plage où des marins portent les ombres de ton corps en chantant les très vieux refrains de jadis et les houles bleues des corsaires […].

Il y avait des coffres d’or qui débordaient plus qu’à rabord des souvenirs de tes regards ; et tous ceux qui tombaient, dans le soleil, devenaient sur le sable, une étoile de mer, de diamant [8]…

*9

CARAVANES DE MAINS

J’ai donné le sucre de ta peau aux enfants de la nuit, ne conservant que les caresses, et les roses-sang de tes seins, si dures sous mes mains…
J’ai donné tout le sucre de ta peau à tous les enfants de la nuit […].

— Dehors, les chiens des sanglots creux cherchent les niches de la chair, renversées, sous les pierres vides…

Et j’ai donné le sucre de ta peau, pour ne conserver que ton corps, que ta chaleur, et ses promesses [9]…

*10

CHEMINS DE LUNE

Avec l’abeille bleue de tes hanches de cire, avec le rire clair de tes seins de cristal, avec le cheval franc de tes jambes de source, avec l’ébauche prisonnière de tes pieds de fleurs,

avec tout ton amour,

avec le chemin bleu de tes cuisses de sable,
avec l’herbe lissée de ton torse de plume, avec l’obole nue de tes seins durs et galbes, où tombent mes baisers d’une pluie cathédrale,

avec le vaisseau rond de tes hanches collines, avec la plage de ton dos et l’océan lent de ton dos où mes mains se font caravelles,

avec tous ce corps
chaud, tout ce corps pur,

avec tout mon amour — ô mon amour —,
nous bâtirons notre palais de lune,
au bord de l’eau [10].


[1] .— 22/III/1976.

[2] .— 22/III/1976.

[3] .— 22/III/1976.

[4] .— 22/III/1976.

[5] .— 22/III/1976.

[6] .— 23/III/1976.

[7] .— 23/III/1976.

[8] .— 23/III/1976.

[9] .— 23/III/1976.

[10] .— 23/III/1976.

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