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Cadou, reprint !…

Jean-Louis Cloët Jean-Louis Cloët, 27 septembre 20076 août 2023

À l’initiative de monsieur Bruno Doucey, éditeur et poète-voyageur, dont on se souvient du merveilleux Livre des déserts paru chez « Bouquins-Laffont » — cette somme encyclopédique dans l’esprit-même de L’Encyclopédie à l’initiative de laquelle il fut, qu’il orchestra — reparaît aux éditions Seghers qu’il dirige, dans la collection « Poésie d’abord », un des chefs d’œuvre de la poésie lyrique du XXe siècle : Hélène ou le règne végétal de René Guy Cadou. Tant il est vrai que « la poésie ne prend son sexe qu’avec la corde vocale » comme le proférait notre bon Léo (Ferré) — surtout pour le poète qui fut le Schubert de la poésie du XXe siècle, — l’ouvrage est accompagné d’une mise en voix des textes de Cadou par Môrice Benin. Une reparution d’un texte de Cadou est toujours une date-phare dans la nuit anti-poétique de la stérilité et de la sécheresse postmoderne qui a décidé une bonne fois pour toute d’oublier, d’interdire les sources, les oasis.

En novembre 1981, je me souviens, au hasard de mon premier poste d’enseignant, à Solesmes dans le Nord, je rencontrais Pierre Seghers de passage dans mon établissement : on m’avait chargé de le présenter. L’amitié s’installa de suite entre nous et j’allais rester en contact pendant quelques années avec le grand Aîné à la destinée fulgurante, avec « L’Homme couvert de noms » pour rappeler la belle épithète homérique inventée par son épouse Colette. De ce premier échange avec lui, je me souviens que de l’océan des noms des poètes qu’il avait croisés et édités, quatre noms lui semblaient plus chers peut-être que tous les autres : Pierre Emmanuel, Louis Aragon… Blaise Cendrars, et… René Guy Cadou. Cela ne voulait pas dire qu’il n’aimait pas les autres, non — que l’on songe à Norge ou à Neruda qui lui furent si proches, — mais, ceux-là lui étaient particulièrement chers. Emmanuel, Aragon, il les admirait. Cendrars et Cadou, il les aimait. Pour sa jeunesse, pour sa pureté, pour sa voix… de tous, peut-être, Cadou fut le préféré.

Je me souviens aussi, en 1993, d’un voyage à Louisfert-en-poésie : j’avais pris rendez-vous avec Hélène, la mythique égérie d’Hélène ou le règne végétal, et de La Vie Rêvée, comme de tant d’autres poèmes… Elle allait réintégrer les lieux où elle avait vécu, rêvé et aimé, avec René, dans la maison d’école où il avait enseigné, écrit, aimé… où il était mort à trente et un an d’un vilain cancer, le bon Jean Rousselot lui tenant la main et lui récitant du Supervielle… Je me souviens du pèlerinage que nous fîmes ensemble, avec le photographe Éric Legrand, sur les lieux de leur rencontre le 17 juin 1943 à Clisson… Je me souviens du visage de la jeune fille de vingt ans qui repoussait sous celui de la femme, de la veuve, privée de son homme depuis alors quarante deux ans… Je me souviens de ce miracle. Stéphane, qui est allée la rencontrer cet été m’a dit que c’est cette même jeune fille qu’il a rencontrée, dans la même fleur de son printemps éternel, de son incandescence, de son aura, que ni la mort, ni la séparation de cinquante six ans à présent, n’ont pu ravir, lui ravir, leur ravir, ravir à « Renélène ». Rencontrer Hélène Cadou, c’est rencontrer Sophie von Kuhn qui aurait survécu à Novalis, Béatrice qui aurait survécu à Dante.

Ce miracle de chaque instant, c’est ce qu’on trouve, sitôt passé le seuil de ce recueil « enchanté », qui nous autorise à rentrer à nouveau dans le monde enchanté du chant, du « canto jondo », du lyrisme pur d’une voix qui s’exalte, ouvre le monde à deux battants vers l’avenir « pour atteindre les comptoirs lumineux du soleil », soleil qu’il faut — « fils du soleil » comme le suggérait jadis Rimbaud, — qu’il faudrait à nouveau chercher, enthousiastes, à gagner, à conquérir. « La pure grâce du dire » dirait Pierre Emmanuel : elle est là, présente à chaque vers. Dans les vers de Cadou, partout l’aura.

Merci à Bruno Doucey d’avoir donné une nouvelle chance d’être lu à ce recueil essentiel du patrimoine poétique mondial : par les temps qui courent, il est de toute première nécessité, le remède de toute urgence au scepticisme, à la déréliction, au nihilisme mondain — mondain ou non, — à la mort.

René Guy CADOU, Hélène ou le règne végétal, éd. Seghers, coll. « Poésie d’abord », postface de Luc Vidal, 16 euros, avec le disque offert par les éditions Seghers et les éditions du Petit Véhicule. Voir : www.edition-seghers.tm.fr

J.L.C

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