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Le Coffre

Jean-Louis Cloët Jean-Louis Cloët, 24 avril 20083 août 2023

Le jeune enfant disait, l’adolescent disait :

— Je n’aime pas la lecture !


Je pensais en moi-même :

— Attends ! Attends !… Attends que la vie te donne du coffre, Petit, de l’expérience… : tu vas gagner en résonance !…

Évidemment… évidemment jouer sur un violon qui n’aurait pas de coffre, de caisse de résonance : ce n’est guère intéressant !…

Attends que la vie te creuse… Attends que le deuil te creuse, t’excave… Tu verras : ils le font très bien, en douleur… en douceur et sans rien casser. La souffrance, ça creuse bien : ça donne du coffre !… du coffre, de la profondeur…

Alors, tu pourras commencer à lire… : alors, l’archet des mots passant sur toi, léger, à peine, éveillera ses premiers échos. Tu commenceras à trouver « ça » « beau », tu verras.

Tu seras d’abord picolo !… Picolo : instrument déjà.

Puis, comme la vie te creusera encore… l’expérience, le deuil et la souffrance ausssi : tu seras violon sous l’archet qui passe ; tu sonneras bien, comme un jeune adulte ; l’archet des mots passant sur toi : ça chantera dans les entrailles de ton cœur et de ton esprit, dans ton petit cœur de bois. Tu pourras émouvoir ainsi… qui sait ! rencontrer l’âme sœur pour vibrer à l’unisson, des amis, pour vibrer en chœur.

Et la vie te creusera encore, et la souffrance, et le deuil… — parce qu’elle est ainsi, la vie — : tu deviendras alto. L’archet des mots passant sur toi te fera soudain plus grave, plus profond, plus puissant aussi. Tu risqueras quelques solos en solitaires lorsqu’aux mots tu feras écho, plus que jamais sensible à leur musique, au rythme, aux souffles secrets et magiques, sorciers souvent, qui les habitent… ou bien qu’ils éveillent, on ne sait.

La vie passant, passant encore, tu t’assiéras dans l’existence ; la vie t’ayant creusé encore, et le deuil, et la souffrance, et les expériences de toutes sortes… comme tu auras pris du coffre, Petit, toi, devenu grand, devenu presque « vieux », et, pourtant, pas encore, entré dans ta maturité… « la maturité » comme on dit : c’est assis, assis dans ta vie que tu recevras désormais le coup d’archet des mots. Tu seras alors violoncelle. Que de sommeils et que de veilles réveillera alors l’écho, l’écho en toi, l’écho qui sortira de toi. Comme alors il fera écho !

Puis, tu vieilliras encore… te creusant toujours un peu plus : toujours plus profond, les cordes de ta sensibilité toujours plus longues, distendues ou bien à retendre. Comme tu auras du coffre alors !… Vieillard, tu seras devenu contrebasse. Pour le tenir entre tes bras, ce coffre — vrai trésor !… — tu te lèveras pour accueillir la mort, pour accueillir encore la vie, l’archet qui passe, le divin archet des mots !… Le moindre coup d’archet, le plus petit murmure fera gronder, vibrer en toi des profondeurs de forêt : tu seras à toi seul, tu rendras à toi seul l’éveil de la forêt première : celle de toutes origines, de la forêt originelle ; l’âme de la forêt montera alors de toi pour se transmettre…

Le miracle des mots, le miracle du Verbe, le miracle incarné des mots et de leur musique, s’étant accompli en toi et transmis, tu pourras alors mourir… et t’offrir et t’ouvrir enfin au silence…

— C’est vrai, Petit : tu n’aimes pas lire ?…

[24 / IV / 08]

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