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Être une jeune Franco-Chinoise, aujourd’hui

Cheng, 17 mai 20086 août 2023

Alors que nos Amis chinois viennent d’être frappés d’un grand drame, qui a suscité une vague de témoignages de solidarité et d’expressions de compassion internationale — y compris celle du Dalaï-Lama — une jeune Franco-Chinoise s’interroge sur sa double nationalité.

Avant de m’installer — définitivement ?… — il y a quelques années en France, je vivais en Chine, dans la capitale économique : Shangai.

Depuis cinq ans que je vis ici, je constate toujours les mêmes petits détails qui font que vous vous sentez obligatoirement différent des autres. Ainsi, ce ne serait pas vous mentir si je vous dis qu’on me regarde toujours avec un drôle d’air : celui que l’on jette habituellement aux étrangers, et, plus précisément, à ceux qui n’ont pas la physionomie dominante. Passant ce détail — qui ne me gène pas tellement, — un autre, par contre, me fait toujours ressentir un pincement au cœur : « Ah bon ! Tu es française ?… C’est vrai que ton français est nettement au-dessus de la moyenne… enfin, tu vois, quoi ! » Je précise que même si cela n’est pas dit, on peut toujours le ressentir, simplement avec les regards.

Je suis de nationalité française, et je suis ici. Mes parents ont choisi après leurs études de s’installer dans ce beau pays, parce qu’ils voulaient y mener leurs recherches : ma mère était chercheuse en médecine à Paris, mon père ingénieur chez Renault. Après leur changement de métiers — tous deux reconvertis dans l’encadrement supérieur et dans la création d’entreprise, — mon père a décidé de s’expatrier, ou plutôt a profité de ses atouts linguistiques et culturels, de même que ma mère, en restant ici. C’est pour cela que je suis partie en Chine. Et c’est à partir de cette année-là, que j’ai commencé à prendre conscience de mes caractéristiques quelques peu originales. Alors que je pensais toujours appartenir à la culture française et être un pur « produit français », mes origines m’ont rattrapée, et je me suis baignée, d’abord par nécessité, puis par plaisir et par amour de mes origines, dans la culture chinoise. Les doutes m’ont peu à peu rattrapée. Suis-je française ? chinoise ?

Aujourd’hui, il est vrai que je ne me pose plus la question. Je suis française d’éducation scolaire, et chinoise par mon éducation familiale et voulue. Ce métissage me convient parfaitement, et je ne me prive pas d’évoquer mes racines quand il faut se détacher des autres pour les études, les entretiens, et pour tout ce qu’on demande à une jeune lycéenne qui compte entrer en classes préparatoires en Sciences Économiques.

Dans la vie quotidienne, je m’applique à être comme les autres : fondue dans la masse. Cependant, il faut dire que cela n’est pas toujours évident, et qu’il m’arrive de répondre aux questions sur mes origines. Je suis Chinoise, Mandarin si l’on veut. Ce qui me perturbe, ce sont les préjugés auxquels je dois faire face autant en France qu’en Chine. Ici, je ne suis qu’une immigrée, sans doute travaillant dans un restaurant chinois, et qui est en bac pro, ou bien une étudiante étrangère qui semble trop française. Là-bas, je suis une Chinoise de la diaspora, qu’on ne peut qualifier de vraie Chinoise, mais qui, sans doute, doit être assez fortunée, et riche de privilèges et d’atouts rares… : comme quoi les préjugés peuvent faire mal ou non !

Les immigrés sont la plupart du temps assimilés à des « citoyens de seconde zone ». J’aime parler dans un français correct, bouquiner dans les allées « intellectuelles » des bibliothèques et des librairies, parce que le travail scolaire m’y oblige, mais aussi parce que j’aime connaître ce que les Français pensent de la culture chinoise : ce qu’ils en disent dans les livres. Je tiens également particulièrement compte de mon apparence extérieure — mes aspirations futures m’y obligent !… — si bien que j’ai la chance d’être épargnée par certaines remarques. Mais d’autres n’ont pas cette chance.

Si on me demande comment je m’y prends dans mon esprit… : je pense soit en français, soit en chinois, selon les lieux, les cadres, ou avec qui je suis. Mon français est nettement meilleur que mon chinois, mais cela ne m’empêche pas de vivre en Chine sans problèmes. Comme tous les individus dotés d’une double culture, je sais m’adapter facilement dans n’importe quelle situation, et adopter le comportement attendu d’une Chinoise ou d’une Française selon les circonstances. On m’a également appris à tirer le meilleur de chaque culture : discipline, goût du travail, humilité, optimisme et courage intellectuel en Chine ; sens de l’organisation, sens artistique, productivité et goût de la différence en France.

Par conséquent, être Franco-Chinoise aujourd’hui… : je pense que cela me rapporte beaucoup plus que cela ne m’handicape. Certains auraient plus de mal à supporter la situation, mais moi je n’y vois que des avantages. Et si quelques personnes avaient la malencontreuse idée de me donner une étiquette, je les plaindrais plutôt que je ne les blâmerais. En faisant cela, elles se persuadent elles-mêmes être en décalage avec leur temps, et elles se ferment automatiquement des portes. Un monde sans libertés de circulation et de partages de cultures, qui n’accepterait pas le métissage ou tout simplement l’acceptation de l’autre, ne pourrait qu’être amené à sa perte. De nos jours, il est impossible de nier l’existence de l’autre. Chacun a des particularités propres, une culture différente et équivalente en termes de qualité, et chacun a la liberté de choisir celles auxquelles il veut appartenir. Pour ma part, je compte aller vivre en Amérique du Nord, apprendre le japonais, l’espagnol, et même l’arabe si j’en trouve le courage… et je compte faire un tour de l’Afrique, terre originelle de l’espèce humaine.

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