1

Mai 68 n’est plus possible !… [humour]

*
« En mai, fais ce qu’il te plaît » ?… Allons ! C’est du passé, tout ça…

*
Mai 68 n’est plus possible ! Le cocktail Molotov avec le baril à cent dollars est en effet devenu hors de prix. Il faudrait tester pour savoir si le cocktail écolo à l’essence bio fonctionne. [Député européen « écolo », Daniel Cohn-Bendit devrait bientôt tester, dit-on, le cocktail Molotov bio.]

*
Plus de pavés !… Sous l’asphalte, « les pavés » !… Quant à « la plage », elle est fournie sur un plateau chaque année avec l’opération « Paris Plage ». [Les mauvaises langues disent qu’on importe à présent le sable — pour raison de Raison d’État et d’Alliance Commerciale — des Émirats Arabes Unis.]

*
« Jouissons sans entraves ! » Cela se fait aujourd’hui dans les rues, avec par exemple « La Gay Pride », bientôt les autres minorités pourront s’exprimer librement — « il est interdit d’interdire » — : sont bientôt prévues « La Pissadouphile Pride » [organisée par l’amicale des collectionneurs de pots de chambre], « La Zoophile Pride », « La Coprophage Pride »… etc., etc., etc. « L’Égalité », « La Liberté » sont en progrès constant. [Pour « La Fraternité », c’est plus complexe : on verra plus tard.][Chacun fait son lit comme il se couche, c’est sûr !… mais est-ce que les hétéros se balladent dans les rues en tappant sur des tambours en soufflant dans des mirlitons érectiles pour agiter leurs petites culottes, leurs soutiens-gorge et leur capotes ? M’enfin !]

*
Mai 68 n’est plus possible aujourd’hui !… Après quarante ans de libéralisme décérébrant, d’Éducation Nationale rousseauisante et roussie, de culture de masse de matraquage pratiquant le nivellement par la base comme une ascèse, le niveau culturel et intellectuel des étudiants est devenu tel qu’ils pourraient à peine déchiffrer les tracts, et encore moins les écrire.

*
À Vincennes, il n’y a plus que le Zoo, le bassin des phoques et des ours polaires, qui puisse offrir un territoire d’expériences de libération sexuelle en amphithéâtre pour la plus grande gloire de Marcuse et de ses prosélytes… ou de ses proxénètes… [je ne sais plus bien comment on dit].

*
Mai 68 n’est plus possible, parce qu’« On » croirait — entendez par « On » les « bobos » — en voyant des manifestants, qu’il s’agit des Huns des banlieues qui débarquent, et ils seraient alors les premiers à appeler les flics pour défendre leur patrimoine.

*
Mai 68 n’est plus qu’un « mais », de plus en plus hypothétique : c’est là le hic !…

*
Mai 68 n’est plus possible, parce que les jeunes ne sont plus politisés, ils sont accros à leurs petits conforts, petites manies, prêt à marcher sur la tronche de tous ceux qui les entourent pour « réussir », pour percer, pour devenir « une star » sans se fatiguer si possible. La société n’est plus pour eux qu’une gigantesque « Star Académie », où c’est le plus pourri qui gagne.

*
Mai 68 n’est plus possible, le grand monôme étudiant d’étudiants nantis n’est plus possible, non, aujourd’hui, il n’y en a plus guère. À présent, ce qui est devant nous à portée d’Histoire, c’est la réalisation spontanée du rêve de Trotsky, la Révolution Internationale spontanée, qui peut éclater d’un moment à l’autre.

*
Mai 68 n’est plus possible au quartier latin devenu trop chic : les flics caillassés et les éventuels derniers cocktails Molotov à l’ancienne, lancés, il faut désormais les chercher en banlieue des grandes métropoles, dans les espaces de non-droit, où flics et pompiers n’osent plus guère s’aventurer que sur ordre, contraints et forcés.

[L’ensemble date de la première semaine de décembre 2007]




Pastorale

Ah, l’été ! L’entêtante odeur
d’aiselles des doryphores
dans les cactées, dans la moiteur
poivrée des salsifis !… L’ordre

luxueux, calmissime et vo-
luptissime du potager
plombé et scellé d’un rond so-
leil dépuratif rouquin… — Gé-

omètre léger, j’arpente
les allées du jour, je vati-
cine parmi les herbivor-

es, champêtre, dans l’accorte
choeur des mandibules ! Tandis
que sur les féculents, Pan, dort…

[Tiré de L’Envol glandulaire, I, « Broutilles égotistes ». (Inédité.)]




L’Invitation au ravage

Ah ! suis-je bête, arrête ! A-
rrête ! Beau poisson mon sauci-
sson versicolore suba-
quatique, toi, ma fantaisie

chromatique, met un bémol !
Ici, tassés dans le sofa
ranci, rosse pourtant si molle
et flappie, tu me rapeta-

sses, tu me rapièces… Ah ! tu
me rapes !… Je te dépiotte et
te ratisse !… Oh, quitte ton tu-

tu ! Viens mon œuf en gelée é-
craser tes tétons nécrosés :
mon coeur poilu va te couver.

[Tiré de L’Envol glandulaire, I, « Broutilles égotistes ».]




Archives du mouvement lazuriste

Il est un nouveau mouvement littéraire et artistique, du XXe et du XXIe siècles, à inscrire dans la frise des mouvements littéraires et artistiques : c’est le mouvement lazuriste, né en 1975 […].ARCHIVES DU MOUVEMENT LAZURISTE
par
SAINT-LAZUR [1] :

Qu’est-ce que le LAZURISME ?
(Manifeste sous forme de tract, diffusé lors de la Seconde Exposition LAZURISTE au Salon d’Automne 1992 du Grand Palais de Paris.)

Depuis 1975, le LAZURISME a, sans se manifester publiquement, ressenti la nécessité d’inventer un nouvel humanisme, une transcendance, adaptés aux temps, alors même que partout — exceptions bien sûr exceptées — un conformisme de l’anticonformisme, prenant paradoxalement ses pulsions individuelles pour une idéologie, édictait son absence de règles, d’idéalisme et d’utopie, toujours générateurs de tout réel pourtant.

— Face aux “grégarités” doctrinaires niant l’individu au profit de la masse, qu’entendions-nous par utopie ?

— La proposition socratique d’un humanisme.

— Qu’entendons-nous par humanisme ?

— Une intériorité à portée universelle parce qu’elle s’est donnée, par les règles de la synthèse et du détachement de soi, les moyens de se révéler, c’est dire d’être un révélateur pour d’autres.
Pour nous LAZURISTES, l’utopie passe ainsi nécessairement par l’intériorité, l’affirme en la confirmant ; mais, l’intériorité, au contraire de ce qu’imposaient sous couvert de philosophie politiques les “grégarités” terroristes, par définition, par essence, ne peut rien avoir d’épidermique.
Dès 75, donc, le LAZURISME cherchait avant tout à rappeler que pour qu’une réalité nouvelle soit dans l’ordre d’une éternité relevant de ce que Max Jacob eut appelé les « actualités éternelles » — tout en déterminant plus naturellement, en guise de présupposé, l’Histoire comme une continuité évolutive que comme une succession d’événements sans liens — il fallait tout d’abord qu’elle soit rêvée efficacement.
En un mot, pour nous, seule l’utopie humaniste est génératrice de réalités susceptibles de prendre en compte l’être et ses virtualités, en les portant si possible jusqu’au plein épanouissement ; encore faut-il — nous l’avons dit et nous insistons sur ce point — que, par l’effort, une certaine discipline : celle d’une créativité qui prétend s’offrir au public comme référent créateur de pensée chez son spectateur, elle s’en donne les moyens.
Soucieux de définir un cadre de pensée au sein duquel l’artiste autant que l’amateur puisse trouver en l’exprimant sa liberté, et, considérant que les temps étaient propices pour s’affirmer, il est peu surprenant que le LAZURISME soit soucieux de réintégrer “le poète”, le peintre, le sculpteur, dans « la Cité » au sens platonicien du terme, c’est dire cadre collectif de pensée, cadre de vie. Les LAZURISTES pensent qu’en ces temps de reconstruction de « la Pensée Moderne », il était utile de rappeler, de manifester cette vérité féconde de « l’utopie ».
Le LAZURISME, malgré ses mots d’ordre, ne se réclamera jamais de “l’avant-garde” ; pour nous, l’avant-garde n’existe pas, sa notion même est caduque ; l’Art est une tradition évolutive où tout devient possible pour l’être, parce que l’Art, cependant n’y est pas un dogme.

Jean-Louis Cloët, fondateur et mandataire du Groupe LAZURISTE.

AIDEZ-NOUS : MERCI DE NOUS COMMUNIQUER VOS IMPRESSIONS. VOUS POUVEZ LE FAIRE EN CONTACTANT LE BUREAU DE RECHERCHE LAZURISTE, XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX. (Merci de joindre un numéro de téléphone [2].)


SAINT-LAZUR :

Qu’est-ce que le LAZURISME ?
(Manifeste publié dans le Catalogue du Salon d’Automne 1992 du Grand Palais de Paris, où le groupe Lazuriste exposa en groupe, et fit la Deuxième Exposition LAZURISTE, avec le soutien d’A.R.P.A INTERNATIONAL.)

Le LAZURISME est une des voies que choisit le retour de l’Humanisme. On ne naît pas humain, on le devient ; nos aînés l’ont trop oublié.
Par dérision, les critiques, devant la production des artistes construisant l’espace de la tridimensionnalité sur leurs toiles avec des cubes, parlèrent de Cubisme ; de même avaient-ils parlé de Fauvisme, devant l’expression par tachisme de couleurs pures ; de même avaient-ils taxé d’Impressionnistes, les peintres qui cherchèrent à rendre non le réel, inexistant car toujours lu subjectivement, mais l’impression….
Quant à nous, nous les devançons : comme Cyrano sur son nez ne tolère qu’aucun ne fasse de plaisanterie autre que lui, nous inventons nous mêmes la raillerie, et, comme nous sommes hantés par « l’Azur », par la volonté de créer un homme et monde sinon idéaux du moins plus humains, comme nous sommes hantés par la volonté d’un monde meilleur, d’un ciel plus bleu, d’un ciel enfin réinventé dans un univers de matérialisme, comme d’aucuns qui se croient, se veulent pragmatiques, vont penser que nous planons, nous nous sommes nous mêmes nommés : les LAZURISTES [3].
L’image, c’est la pensée. Accepter l’image audiovisuelle préfabriquée, c’est accepter de se laisser penser.
Dans notre société de l’audiovisuel, la liberté se reconquiert donc par l’image. Quant à nous, les images que nous montrons, sonores, poétiques, visuelles, cherchent à montrer avant tout l’essentiel : ce qui ne se voit pas, pourtant qui est, au contraire souvent de ce qui se voit.
Face aux images d’une société sans âme et sans finalité, nous proposons les images éternelles sur lesquelles se fondent les civilisations — bref, la réinvention des Mythes.

P.S. :
Le LAZURISME est né en 1975, en plein paysage structuraliste [4], et, en plein terrorisme post-soixanthuitard [5].

Jean-Louis Cloët


SAINT-LAZUR :

QU’EST-CE QUE LE LAZURISME ?
(Manifeste tract, diffusé lors de la Troisième Exposition LAZURISTE, Fondation CZIFFRA, Chapelle Royale Saint-Frambourg de Senlis, en septembre 93, avec la présence d’honneur et le soutien spirituel de Maître Shizuka MURAYAMA.)

*« Spécificité du Groupe Lazuriste. »
*« Spécificité d’une image Lazuriste. » (Nous en réservons la reproduction pour un autre numéro de POLAIRE.)
*« Qu’est-ce qu’une image Lazuriste ? » (Idem.)
*« Le LAZURISME et le marché de l’Art. » (Ibidem.)
« LAZURISME et Icarie : Petit Précis élémentaire de vol. » (Déjà repris et publié dans POLAIRE, n° 2.)
*Fragment du PREMIER MANIFESTE DU LAZURISME daté du 18 juillet 1975 : L’Être et le Devenir (fragment. Version intégrale non corrigée.)(Nous en réservons la reproduction pour un autre numéro.)
*« Appel au peuple du 26 janvier 1985 : _« Aux âmes, Citoyens…! » Appel général à l’insurrection spirituelle. »
*« Slogans LAZURISTES. »
(Attention : ne sont donc présentés pour illustrer le sommaire complet de ce tract historique que des extraits, lesquels sont ici soulignés.)


* « SPÉCIFITÉ DU GROUPE LAZURISTE » :

Le mouvement LAZURISTE résulte d’un groupement d’artistes multi confessionnel qui se sont entendus, au-delà de leurs divergences, sur une certaine idée de l’homme et de l’idéal qui se résumerait à dire : que l’homme, pour vivre pleinement, doit chercher à se dépasser, se tourner vers une transcendance, accomplir et réaliser — si ce n’est en totalité du moins en bonne part — les virtualités qu’il porte en soi ; les LAZURISTES considèrent, qu’elles sont le garant d’une société enfin plus humaine, où le partage devient possible, où la liberté, comme l’égalité, et, la fraternité surtout, enfin ne sont plus de vains mots. Pour eux l’Art se trouve être, par leurs dons, par leur choix et par leur travail, le truchement et le lieu de ce partage, l’atelier qui leur permet de contribuer avec leurs moyens de bâtir une société plus juste et plus idéale. En un mot, ils croient à la force de l’utopie qui peut devenir idéale, non seulement, mais réalité, selon le principe humaniste éprouvé de « la tache d’huile », de l’émulation, de l’exemple.
L’une des originalités du groupe réside aussi dans le fait que le noyau initial auquel se sont déjà ajoutés, mais s’ajouteront encore et encore d’autres éléments, d’autres membres, s’est constitué à l’âge rêveur de l’adolescence, et, que ce noyau ayant éclaté ensuite à l’âge où l’on confronte son rêve à la réalité, s’est retrouvé, malgré les choix confessionnels précis et différents, à l’âge des premiers bilans, pour agir, sans avoir trahi ni trahir son idéal premier ; il l’a simplement précisé, enrichi par l’expérience de chacun de ses membres, comme par les leçons de la maturité. Les LAZURISTES qui ont rejoint les anciens, qui les ont d’emblée adoptés, se sont reconnus dans cet idéal, dont ils rêvaient solitairement au même âge. De fait, le LAZURISME constitue une famille d’idéal qui s’entend sur l’essentiel et comprend les différences comme autant de garants de la liberté et de l’épanouissement individuel susceptible d’enrichir sa collectivité. Les LAZURISTES, par le LAZURISME, dans leur ensemble, entendent donc porter leur idéal d’adolescent jusqu’à la réalisation, afin de prouver non seulement que la jeunesse est durable, mais qu’elle est de tous les âges, le ferment de tous les âges, qu’elle est le levain de tous les espoirs et de toutes les réalités pourvu qu’on lui adjoigne humblement mais fermement et avec constance la volonté


* APPEL AU PEUPLE du 26 JANVIER 1985 :— « AUX ÂMES, CITOYENS !… »
(APPEL GÉNÉRAL A L’INSURRECTION SPIRITUELLE)
Au Camarade Paul Déroulède et au Camarade Charles Péguy.
(Morts pour la France [6]…)

Un seul mot d’ordre : l’ordre du jour ; le jour est à remettre en ordre.
Il est temps pour nous désormais de dresser le feu de nos exigences. Voilà assez longtemps déjà, que nous veillons en nous la flamme inaliénable, et que nous, LAZURISTES, l’avons nourrie des rêves légitimes, jalousement sauvés de l’obscurité générale, de son diktat… je veux parler de ceux de l’Enfance et de l’Idéal, de ce droit de vivre selon leur loi.
Petite flamme, certes, oui, combien de fois avons-nous cru, à la connaître en nous couchées sous le vent glacial de philosophies non fondées, de paroles sans voix et sans souffle portées par un vent usurpé, livrée malgré tout au hasard dans le courant d’air des pouvoirs despotes, flagrants ou masqués, combien de fois le doute aura-t-il évoqué son silence, la nuit totale…! — Jour après jour, nuit après nuit plutôt, nous nous répétions, craintifs, étonnés : — « Et pourtant, elle brûle ! » Or, si nous tînmes bon, c’est qu’elle tînt bon. Nous lui devons tout. Il est vrai, qu’elle avait notre cœur pour braise, non nos idées.
Il est temps pour nous de planter l’architecture rigoureuse de ce désir, messager insolent d’une éternité prochaine car renouant notre passé par son présent à l’avenir, désir fou, désir vrai, désir incorruptible de rendre au feu la part du feu, de redonner à la clarté tout le ciel qu’elle mérite, oui.
L’ordre du jour est bien de rendre au jour son ordre. Il le faut d’urgence et dès à présent, nous le croyons, nous le voulons. Il n’est plus question de vaticiner sans agir.
Qu’on le sache ! : s’en va le temps où l’on garda docilement sous le boisseau la petite lueur d’espoir, d’enthousiasme et de poésie, sous ce boisseau déjà pourri que nous ne tolérions uniquement d’ailleurs que par peur de voir sous les vents cette lueur amie s’éteindre. On nous a trop pris pour des lâches. Nous ne fûmes que patients.
S’en vient le temps où l’horizon peut s’allumer d’un coup, où le mensonge, l’infamie, serviront même de brûlots ! Car l’amour et la haine, inutiles, qui, à défaut de se consumer, ont accumulé leur gaz dans cet univers clos où l’on nous a depuis trop longtemps enfermés, va, coup de grisou, exploser, disloquer cette société sans portes, sans fenêtres, pour un Bien, un mieux, pour le meilleur et pour le pire.
Tout est à recommencer pour vivre.
Oui, nous sommes devenus trop pauvres, chacun, pour ne pas redevenir fiers.
Nous avons trop souffert d’abandon et d’oubli pour ne pas inventer l’espoir.
Nous rêvons diront les rêveurs ; nous rêvons, soit, mais rêvons la réalité, le réel n’étant après tout qu’un irréel réalisé.
Nous voulons réinstaller les mots : vertu, honneur, devoir, et Dieu ou Mythes. Nous voulons laver de sueur les mots : amour, bonheur, justice ; et, pourquoi pas les mots : raison et norme, puisque la poésie saura nous indiquer leurs bornes.
Notre foi dans le LAZURISME, c’est notre désir de l’AZUR POUR TOUS ; chacun d’entre nous aura droit à sa part de terre et de Ciel pourvu qu’il la mérite, non aux dépens d’autrui, mais aux dépens de soi.
Que chacun soit le soc qui laboure son cœur et son corps et sa vie et son espérance et son devenir d’homme libre. Il fait longtemps que nous n’avons pas mangé de pain réel et partageable. Il y a et il y aura — Il s’agit bien de la dresser — de la place pour tous à la table pour les ouvriers de toute heure, de tout réveil.
Et qu’on ne cherche pas à nous restreindre, à nous maudire encore, à nous exclure d’« une fête servile » où jamais nous n’aurons voulu avoir de place ; il n’est plus rien pour interdire la nôtre, cette noce avec soi-même pour chacun. Nous ne serons d’aucun parti, ne voulant pas nous contenter que d’un morceau de cette vie que nous voulons toutes et pour tous. Finie la comédie ! — Voici la vie !
Bien sûr, notre entreprise est depuis toujours à reprendre, il faut rebâtir chaque jour. Ce que nos pères avaient fait n’est plus, nous le rebâtirons. Puis, ce que nous ferons, bien sûr, sera détruit, mais nos filles, nos fils le rebâtiront après nous. Jamais nous ne renoncerons ; le mal, la tyrannie finiront bien par abdiquer demain, les premiers.
Roules, Soleil, au bas de la montagne, comme chaque jour si tu veux ! Le jour d’après te roulera pour te replacer au sommet, tu te lasseras avant moi.
Voilà. C’est dit. En route.
Et si mon langage est outré, gonflé, c’est que je sourie d’employer le langage de ceux, passants, mais plus qu’impuissants désormais, qui s’entendraient à empêcher que nous dansions notre danse.


* « QUELQUES SLOGANS LAZURISTES » :

Au Camarade Paul Vaillant-Couturier.
(Mort pour la France…, aussi [7]].)

* Aux âmes, citoyens !…

* Appel à l’insurrection spirituelle générale !…

* Rêveurs de tous les pays, unissez-vous !…

* Debout, les damnés de la Terre… : Le Ciel est à réinventer !…

* Sauvons ce monde !…

* Utopistes de tous les pays, unissez-vous !…

* De tous les pays, de toutes les races, de tous les âges, unissons-nous pour former la PREMIÈRE INTERNATIONALE DE L’UTOPIE !…

* Pour un nouvel humanisme !…

* Vive l’Utopie !…

* Le Ciel et l’Idéal pour tous !…

* Vive le LAZURISME !…

* Le LAZURISME ou la MORT !…

* On les aura !…

* Nâh !…

* Ouf !…

* Zut !…

* Ben mince, alors !…


* « ADRESSE DU CENTRE LAZURISTE » :

TOUT COURRIER EST A ADRESSER à la :
CENTRALE LAZURISTE, XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX


[1] .— J’avais inventé ce personnage mythique qui satisfaisait tous les membres du groupe, parce qu’il permettait de développer et d’exposer nos idées sans qu’un seul en soit porteur. Il ne s’agissait pas de retomber dans les travers du papisme ultra d’André Breton. Nous étions avant tout des humanistes, volontiers “libertaires”, mais surtout œcuméniques, respectant les particularismes de chacun au profit d’une cause commune : celle du renouveau de l’utopie et de l’idéalisme.

[2] .— L’adresse a changé. Nous sommes en juin 2008.

[3] .— En vérité, nous partions du constat d’échec de la poésie lyrique fait par Mallarmé, héritier des névroses baudelairiennes, dès 1866, dans son texte célèbre : « L’Azur ». Nous entendions reprendre les choses là où Mallarmé le mal armé s’était « affaissé » comme eut dit le Rimbaud de la « Lettre du voyant » en mars 1871.

[4] .— Pour situer le décor. À l’époque, nous préférions attaquer le problème à la base : le structuralisme précédant et permettant l’éclosion de l’œuf du serpent du postmodernisme.

[5] .— Pour situer l’action.

[6] .— Mais, la France les méritait-elle ? Hein ?… Hein ! ? ! ? !… — C’est une question, mon Général !… (— Garde à vous !… … Repos !…)

[7] .— Ça ! Il suffit, qu’il y en ait deux ou trois qui montrent l’exemple !… Hein ? ! ?… (Qu’il soit bien entendu que nous ne rions pas intrinsèquement de ces trois hommes admirables pour lesquels nous avons, bien évidemment, la plus grande estime, le plus grand respect. — Mais qui peut échapper au rire ?… — C’est ce que vous saurez en lisant le prochain numéro de POLAIRE… : POLAIRE n° 5 qui, au seuil du nouveau millénaire, traitera du thème : L’Humour fin de siècle…)[Le numéro 5 de Polaire, publié alors par les éditions GabriAndre, à Saint-Jean-de Valériscle, n’est jamais paru.




La Cigale et la fourmi

En 1967, Jean Anouilh, tenant compte de la modernité et de l’influence du capitalisme néo-libéral avancé, reprenant la célèbre fable de notre bon La Fontaine — coulant de source — faisait de la Cigale une chanteuse, une danseuse, une entraîneuse ou une strip-teaseuse, hantant les « casinos » et les « boîtes ». En 2002, l’époque n’a guère gagné en finesse : les réalités économiques se sont faites plus radicales, la lutte pour la survie, plus âpre. Cette version est sans doute assez dans l’esprit de l’auteur des Contes, qui dut au reste les renier pour entrer à l’Académie.)

La fourmi ayant épargné
Tout l’hiver
Trouva ses comptes fort cossus
Lorsque l’été fut revenu.
Nonobstant,
À force de n’écouter que le Serpent
Monétaire au sein des paradis fiscaux,
Elle s’emmerdait tout de go.
Devant son écran “perso”
De sa start-up, dans son bureau
Au cinquantième étage-bis
Des micros Twin Towers de Paris-la-Défense,
Voulant se faire des vacances
Tout soudain, subito presto,
Tout en surfant sur internet
En remixant de vieux fichiers,
Elle tapa sans y penser

— Croyant bien faire — :
Www cigale hard hot line.love.fr ;
C’est ce qu’on appelle : « un acte manqué ».

En dessous affriolants,
Son ex-copine de collège,
La Cigale, qui, un an plus tôt,
Avait prétendu la taxer
De quelques cent vingt mille euros,…
Par le biais de sa web-cam
Libertinement disposée
Apparut alors sur l’écran
En CinémaScope, en 3 D.

La Fourmi, coincée, et d’un air pincé
Voulant se donner contenance,
Avec sa mine de papier faxé faisant bourrage
Dit simplement : « Salut, Cigale ! »
L’autre répondit : « Salut Gale !
Si c’est pour me faire tourner un autre clip pour Badoît,
Ma bonne, ou bien pour Salvetat,
Au prix du cachet accordé
Qui mérite l’aspro gratuit
Pour la conne qui veut signer,
Tu peux aller te brosser !…
Je vends plus mon cul au prix du poulet.

— Ce n’est pas l’objet, chère amie,
Connaissant vos récents ennuis…
De l’an dernier,
Je voulais simplement m’enquérir de votre santé… »
Rétorqua la Fourmi, foutrement, fichtrement scotchée.

— « De ma santé ? Je suis fort aise,
Ça va, ça va…
J’ai investi
Comme tu vois
Dans le silicone expansé… » dit la Cigale,
En refermant un peu son peignoir blanc-danone
En spontex bio-loréalisé
(Parce qu’elle le valait bien !)

— Merde ! Crotte, enfin !… —
« Et toi, ma belle,
Comment vont tes comptes en Suisse ?
Et tes actions Électrabel : pas encore ménopausées
Par le fisc belge et l’indexation du Nikey ?
Et tes actions Euro-Tunnel : sont-elles
En hausse, malgré tous ces réfugiés
Qui viennent se faire écraser
En s’accrochant sous les bogies,
Les carters, les amortisseurs,
De nos T.G.V. Euro-Star,
S’y glissant de nuit, sans un bruit,
Malgré les barbelés et les miradors de Coquelle ?
La bidoche d’immigré qui pollue sur des kilomètres,
Ce n’est pas bien propre quand même :
La Bourse ne doit pas aimer…

— Mais… et vous… vos comptes en cuisses ? »
Lance la Fourmi, subreptice,
Bien certaine de galéjer.

— « Ça va, ça va… » fait la Cigale
« Des crises de trésorerie
J’ai appris à me préserver,
Les traitant par dessus la jambe
Avec des jeunes ou des vieux,
Que je fais danser sur un pied
D’abord, et puis chanter ensuite.
Ma mère me l’a toujours dit :
“Ne t’assieds jamais sur ton patrimoine,
Ma fille ! car c’est de l’or qui dort ;
Il faut apprendre à se placer,
C’est ce qu’a dit Monsieur Pinay.
Quand on est jolie fille,
En tirant sur la bobinette,
Il suffit souvent de se faire mettre
…Un polichinell’ dans l’tiroir
Par un benêt super friqué qui vous épouse,
Et, divorcer,
Non sans savoir… non sans avoir…
Citoyenne, attendu de voir

— Miracle de la République ! —
Civiquement, neuf mois plus tard,
La chevillette des Allocations Familiales
Choir.”
Mais pour qui ne voudrait pas gonfler,
Garder la ligne,
Sa sveltesse fuca au bifidus-actif liposucé,
Il suffit de sauter plutôt
Sur un vieux cheval de retour,
Sur un vieux nabab avachi
Vous couchant sur son testament
Si vous couchez dans son lit,
Qu’on fait claquer d’un infarctus,
Chapeau pointu,
Oh !… Huit jours plus tard, tout au plus !
Turlututu !
Digue ! Digue dondaine au gué !
(…Bien fait !)
Des jeunes ou des vieux,
En jouant les corbeaux
Quand il faut
Avec les plus renards d’entre eux,
Je sais toujours avoir raison,
Faire mon beurre et mon fromage,
Où que je sois,
Quand je le veux.
Pas besoin d’autre tirelire
Et de s’épargner du plaisir.
Des PEPs, des PELs et des SICAVs,
Je me tamponn’ le coquillard !
Quant à l’indice du CAC-Quarante,
Je me le mets là :
Là,
où se pense
Toute ma personnalité…
Là dessus, Fourmi. Bye, ma poule !… Ciao !
C’est pas tout ça.
Si tu rêves,… moi, j’ai du boulot. »
Elle lui spotte le site au blaire.

— Oh !!!…

À ces mots,
La Fourmi, quittant son bureau, hystérique,
Névrotiquement pulsionnée,
Descendit les cinquante étages
Sur la rampe de l’escalier,
Sans s’arrêter.
Dans la rue bondée,
Rejoignant la file des postulantes,
Pustulant pour le casting
de Star Académy 19 et de
Loft Story 28 :
Tintin !
Elle se fit jeter.

Après dépression foudroyante,
Cent vingt séances d’analyse
Chez un Psy néo-lacanien
non remboursées par la Sécu,
La Fourmi,
À trent’-cinq balais mal poussés
Et des poussières par devant,
Décida d’investir
Dans le silicone ;
Mais en vain.

Moralité : — Rien ne sert de pâtir,
Il faut courir à point.

[© Cloët, 2/III/2002]




Pain-surprise

Élégie nutritive en deux tranches et un Akouski […].

Première tranche :

Au bal masqué déguisé en gruyère
Je n’ai pas craint les courants d’air.

Lulu avec son sale ami
qu’était déguisé en patate
végétait sur un tatamis
comme un oeuf au milieu des blattes.

Tout en passant près du buffet
J’y dit : — « T’as pris ton cornichon ? »
Et é m’dit : — « Mon chou, c’est rapé,
si tu crois refaire un back-on ! »

On était à couteaux tirés
y semblaient s’en payer une tranche
Moi, pris en sandwich, atterré…
On avait du pain sur la planche !

Ah ! j’en avais sur la patate :
Me préférer un cornichon !
Une andouille, mou comme une patte !

— « J’te vais lui flanquer un marron !

J’en ai soupé !… C’est du recuit !… »
Lui se dit : ça sent le brûlé !
J’allais te lui serrer l’Kiki,
Te fair’ du boudin antillais !

Seconde tranche :

Quand, soudain à deux mains, Lulu,
Ma Lulu, te lui fout une tarte,
Un sans noyau dans les velues
Qu’était pas marqué sur la carte !

— « Y m’a mis la main au panier ! »
Qu’elle dit, accolée au buffet.

— « C’est normal… y fait son marché ! »
J’réponds. — « …Salaud… ! Viens m’embrasser ! »

On est resté comm’ deux ronds d’flanc
Sur le cornichon dans l’ pâté.
Viol à l’étalage, et comment !
C’est sans crédit, pour déguster.

Et tandis qu’y sucrait les fraises,
Les bonbons en brisures de riz,
Moi, déjà beaucoup plus à l’aise,
Je lui dis : — « Viens… viens mon Kiki !…

Viens sur mon coeur, mon sucre d’orge,
Viens, mon baigneur en chocolat,
Mon choux, ma crotte ; ah, dis…? Dis…? Dors-je ?
Est-ce bien toi que revoilà ?… »

En gruyère, contre ses miches,
A nouveau, je chipotais pas.
Dans l’beurre j’étais ! — « Ah, Bibiche,
Mon boudin, ma chipolatas !…

Avec tes miches, mon gruyère. Ah
Si qu’on s’faisait un sandwich !
Sur l’ pouce, là, mon rat ? Dis : Ouiche !… »
Vla qu’ell’ répond : — « Taratata ! »

— « Quoi, taratata ?… — Oui…, Basta !

— Mais, qu’est-ce qui t’prends, dis, ma groseille ?

— Maquereau ! » Qu’elle me fait. — « Ça va pas ?!

— Pour qui tu t’prends : t’as pas d’oseille !

— Tu vas pas m’en faire un fromage :
J’ai cassé mon cochon pour toi !
On a tout mangé… — C’est dommage !…
Qu’elle répond, Bye !, une autre fois !… »

AKOUSKI :

Je repensais au roi François
Disant : — « Souvent, femme varie,
Bien fol qui s’y fie ! » voyant là,
le cornich’ sur le carreau, qui,

dans l’ gaz, et, collé comme un spa-
guetti, payait l’ardoise ; et houp-
là, dans l’baba, dis, qu’est-ce qu’ell’ t’a
mis ! Car, c’était lui, gros plein d’soup,

Ce salaud, qui rendait sa glotte… !

— Femmes, votre amour est trop beau :
Le sal’ s’y fie, qui nous carotte
À la longue y perd le poireau.




Petit Bréviaire de Direction à l’usage des médiocres

ou Le Nouveau Prince

Voici un extrait — un chapitre seul — d’un pamphlet contre la mondialisation et les Directeurs des Ressources Inhumaines de tout bord, que j’ai écrit dans les années 90, et que j’ai tenté de faire publier en 2000-2001. Inutile de dire qu’il a été refusé partout. PETIT BRÉVIAIRE [1] DE DIRECTION
à l’usage des médiocres,

ou
Le Nouveau PRINCE
par

ROBERT
DE TAILLENDUR
(ex- Chef d’Entreprise [s],
Directeur des Ressources Inhumaines Honoraire
de la firme M.D.C. [2] International & Co limited. )

PETIT VADE-MECUM DE LA MONDIALISATION SANS EFFORT

(Avec une préface authentique de l’auteur, et, codicilles et notules de son ex-secrétaire des Cabinets, exécuteur testamentaire involontaire mais néanmoins dévoué : Achille AZERTY, préretraité honorable.)


Nous vous prions, très chers Lecteurs, de trouver ci-joint l’exécution du

SOMMAIRE [3] :

* 1°) « De la Justice. »
* 2°) « De la Vertu » (du pragmatisme).
* 3°) « Du Rayonnement » (et des éclipses).
* 4°) « Du Faux Rayonnement » (Du chef naturel, ou d’un idéal corrupteur).
* 5°) « De l’autorité. »
* 6°) « Du Bon Droit [4]. »

Sommaire véritable après exécution postiche :

1°) Médiocratie.
2°) Économie.
3°) Bourgeoisie.
4°) Secrétaires.
5°) Position.
6°) Justice.
7°) Fascisme.
8°) Religion.
9°) D’un vrai chef.
10°) Avenir.
11°) Codicille du codicille.


à
la Mémoire illustre [et boiteuse] de
Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord,
Prince d’ÉGLISE,
Prince de Bénévent,
Évêque d’Autun [5],
dont ce nain de Napoléon disait :« M. de Talleyrand, vous êtes de la merde dans un bas de soie… »

ROBERT

DE TAILLENDUR.

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Avec quelques graffitis, reproduits en fac-similé, trouvés sur les buvards du sous-main de la DIRECTION [6], publiés à son insu par son dévoué subalterne, et, zélateur ailé, Achille AZERTY (ex-secrétaire des Cabinets), après cambriolage et décès d’un Chef regretté.

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PETIT BRÉVIAIRE DE DIRECTION
À L’USAGE DES MÉDIOCRES
ou
Le Nouveau PRINCE
par

ROBERT
DE TAILLENDUR

(Ex-Chef d’Entreprise[s] Directeur des Ressources Inhumaines Honoraire de la firme M.D.C. International & Co Limited. )

PRÉFACE [7] :

Porcs élitaires de tous pays, unissez-vous !…
(slogan Ultra-Libéral Mondialiste et Internationaliste.)

En ces temps bénis, et, par nous, « pour notre bon plaisir » saintement et dévotement cultivés de « mondialisation [8] », qui, sous couvert de chômage savamment géré, entretenu, nous permettent de récupérer un à un les acquis sociaux ; en ces temps bénis par nous, pour nous seuls Renards de la fable, alors même que les Maîtres « Cocos [9] » ne sont plus là comme jadis, comme naguère, hier encore, perchés en rangs en haut du mur [10] d’en face, peaux de balle, pour nous en imposer, nous opposer leur face rouge de vieux constipés idéologiques prétendant [11] en poussant et en se poussant, faux mages, qu’ils allaient [12] nous pondre, pondre sur nous quelque « Grand Soir » le Grand Œuf de la Révolution qui devait tous nous écraser [13], dont nos prêtres même — crédules — prétendaient immanquablement qu’allait sortir le Léviathan  [14]… ; en ces temps, bénis donc, où « Le Nouvel Ordre Mondial » règne à nouveau pour notre plus grand intérêt personnel [15] par la sainte volonté d’un Dieu partenaire [16]… j’ai pensé — et, pensé en ma qualité d’« Everest de la Pensée », ainsi que me nommèrent et me nommeront toujours, je sais, je sens, très invariablement [17] mes collaborateurs les plus proches, mes partenaires immédiats, — qu’un « Manuel de Direction », qu’un « Manuel de Management », qu’une Bible enfin directive par conséquent directrice du « harcèlement moral » pour un Management sans ménagement aiderait mes jeunes cadets [18], les jeunes Chefs d’Entreprise(s) ou les jeunes D.R.I. de demain, mes futurs pairs [19] d’après-après-après-demain [20] dans ce futur proche fort lointain encore il est vrai [21] de ma succession [22], à perdre un peu plus vite leur virginité morale, leur reste d’humanité, bref, en un mot, un seul : leur “Pucelage” Directorial.
J’ai donc, ainsi, par conséquent, subséquemment et par suite, jugé, pesé [23] et considéré comme utile de leur proposer (nonobstant ma modestie universellement proverbiale et proverbialement proverbiale) — de leur proposer, non, mais de leur offrir tout bonnement [24] : la Somme théologo-astrolo-numéro-philolo-tao-cosmogo-cosmolo-philo -et- nippo-américano, mais aussi et surtout mondialo-samouraïo-bouddhaïo-taï-chi-interneto-proxénèto -et- catholico-colico-intégristo-traditionalo-charismatico-mastico-protesto -et- papo-mobilo… économique de la quintessence de mes Pensées [25], urbi et orbi, libérales et planétaires, sachant qu’évidemment, elles contribueraient, elles contribueront pleinement à les adouber dans leur rôle futur de nouveaux « Chevaliers de l’Économie » ou de D.R.I. implacables. Par ce livre et la docte leçon magistrale éclatante de ma quintessence ainsi résumée en un seul ouvrage qui fera d’eux les « nouveaux Princes » des « Temps Modernes [26] », je contribuerai pour les siècles des siècles, sans doute, magistralement magique et magiquement magistral — dans l’éternité de la prostérité [27] d’abord, puis de la postérité ensuite, — à leur faire gagner du temps, donc de l’efficacité conséquente de conséquence, dans la perte de leurs illusions ultimes, donc intimes, subséquemment et par suite, par conséquent [28].
Mon but, ici, avoué, fut donc de rewriter Le Prince de Machiavel, subséquemment et par suite, que les délicatesses de sentiments rendaient depuis longtemps impropre à servir de modèle : œuvre ringarde. Au reste, elle ne rapportait plus, non plus, plus aucun droit, à leur auteur : donc n’était plus de droit de fait, par conséquent. J’espère qu’à la lecture de ces quelques règles nouvelles de Management Mondialiste, pieusement et quasi scientifiquement élaborées au cours de mes innombrables années de Règne en Entreprise, lesquelles ont fait leur preuve par quatre — voire même par six ou par neuf… ou par six cent soixante six, — j’espère ainsi que la lecture de ces quelques règles bien évidemment cardinales, fruits de l’expérience de trente-trois années de vrai sacerdoce aux Sévices de l’Entreprise… les futurs Chefs d’Entreprise[s] ou les D.R.I. de demain, fraîchement sortis de leurs écoles paramilitaires et mystico-économiques Ultra-Libérales, dégageront clairement : à la fois le sens de leur destinée d’exception, de « sel de la terre », d’« Ubermensch  »… mais aussi et surtout, qu’ils sauront mieux déterminer le sens exact de ces expressions consacrées : « gestion du pet-rsonnel » et « des Ressources Humaines », selon, bien sûr, les « lois canons » de l’Entreprise [29].
Soucieux de transmettre l’irremplaçable trésor d’une expérience de dévouement à une cause juste entre toutes : La Mienne ; soucieux de confier à mes successeurs l’irremplaçable trésor d’une vie de privautés et d’opprobre — Euh ! Non [30] — de probité et de preuves : preuves irréfutables de Mon Bon Droit, de Mon Juste Prix (à la décimale près), preuves enfin de Ma Compétence ; conscient enfin, pleinement conscient, que je peux leur servir d’Exemple à défaut d’avoir jugé profitable d’être un jour pour quiconque et pour moi un modèle, je dis solennellement à ces jeunes Chefs d’Entreprise(s), à ces jeunes Directeurs des Ressources Inhumaines de demain, mes cadets, qui feront l’Europe de demain, le Monde de demain, la « Mondialisation » de demain, l’univers interplanétaire de la « Spationalisation » de demain toute proche, de la « Galaxionalisation » qui, indubitablement, s’en suivra de peu : « Jeunes ! Mes pairs, mes pairs de souille ! Mâles homologues futurs sur la Mare Nostrum du fric ! Jeunes Chefs d’Entreprise[s] ou futurs D.R.I, ne perdez jamais de vue mon exemple atroce !… Qu’il soit pour vous la référence, et, à terme, oui, à terme, enfin, la « solution finale », absolue, horrifique et saignante, couronnant votre cursus, pour coiffer au bonnet, toujours, vos employés : au bonnet comme au poteau.
Là dessous, bonne chance [31]/ [32]]. Et, n’oubliez jamais ceci, Messieurs : « Gott mit uns ! » Futurs Chefs d’Entreprise[s], mes frères, « Gott mit uns ! Uber Alles !… » : c’est la Vérité vraie, la seule, si vous doutiez n’en doutez plus, que vous croyiez en lui ou non : « Dieu est avec nous [33] », partenaire ! Universelle stock-option ! Avec la « Mondialisation », la plus Grande Dictature de Tous les Temps est en marche ; et, comme diraient conjointement et subséquemment les philosophes ultra-libéraux Montaigne et MontladsustuverrasMontmartre, je crois, « il y a du profit » tout est justifié donc, d’avance, béni, béni par nous, pour nous : soyez-en simplement conscients, par conséquent.

Votre Maître et Aîné, mais dévoué et fraternel,

ROBERT
DE TAILLENDUR.
————————————————————NOTULE de Traduction
par
Achille AZERTY,
(Préretraité honorable, ex-secrétaire des Cabinets
de Monsieur Robert de TAILLENDUR, Ex-Chef d’Entreprise[s], Directeur des Ressources
Inhumaines Honoraire de la firme M.D.C. International & Co Limited, hélas, récemment décédé.)

Des dispositions testamentaires trop généreuses vis à vis de ses ayants droit (il n’avait rien prévu), et, cette paralysie totale doublée d’une aphasie ayant cruellement, providentiellement, frappé — non : saisi ! — le grand homme, le pauvre vieillard baveux qu’il était soudainement devenu, c’est seul, justement abandonné de tous, que j’ai retrouvé mon cher et regretté « Patron [34] », dans la camisole des indigents, à l’hôpital des indigents, dans leur pavillon, baignant dans ses excréments. J’y avais déjà visité plusieurs de ses anciens collaborateurs, dont il avait dû (durement) se séparer pour « le bien de l’entreprise » sans indemnités de licenciement malgré des années de complicité, et, qui y avaient fini, là, leur existence, à la suite de dépressions ou de suicides manqués.
Malgré l’odeur, et quoique n’ayant guère été en odeur de sainteté auprès de lui ces trente-deux dernières années après mon embauche il y a exactement trente-trois ans, j’ai décidé de lui donner l’ultime joie de transmettre son patrimoine le plus cher, son patrimoine moral : oui, le plus cher, en somme [35]], surtout pour nous, ses employés, qui l’avons si chèrement payé, durant toutes ces années ! … Tous les jours, oui, je dis bien : tous les jours, jusqu’à celui de son décès dans des suffocations atroces, j’ai veillé à son chevet déserté le moribond de prestige international, dans le cadre strict des horaires d’ouverture prévus par le « Pavillon B » où le destin et sa famille con-ci-jointe évaporée l’avaient soudainement relégué. J’ai fait l’admiration des garçons et des filles de salles, des infirmières et des infirmiers, des internes et des externes, des médecins et du Médecin-Chef même, qui trouvaient ce malade « particulièrement chiant [36] », en veillant « mon Patron [déjà] regretté », en usant mes maigres loisirs, que mes maigres moyens autorisaient d’autant plus largement qu’ils ne coûtaient rien.
C’est grâce à ses mouvements d’oreilles qu’il avait fort décollées — fort directoriales : car les oreilles décollées sont un signe d’intelligence, on le sait ; il les avait donc babaresques et impavidement frémissantes, — que j’ai pu mettre au point avec lui, une sorte de système d’alphabet qui m’a permis de transcrire, en quelque sorte sous sa dictée, une à une, ces règles qui constituent en quelque sorte sa « Bible », oui, « La Bible » retrouvée, sauvée — sauvée in extremis ! — de son héritage moral. Mots après mots… (pardon, plutôt : maux après maux), j’ai scrupuleusement recueilli auprès de lui l’essence même de sa vie, de sa vie retranscrite en « règles ». Voici donc la « Règle… » monastique « …du Nouvel Ordre Mondial » comme il disait ces derniers temps, avant son accident cérébral. Je suis sûr d’avoir été fidèle à la moralité très profonde de sa pensée, car quand je lui relisais ce qu’il me semblait avoir dicté, je voyais bien à la bave qui coulait abondamment de sa bouche tordue pathétiquement par la paralysie tuméfiante qui la violaçait par endroits d’un mauve évêque et la rougissait ça et là d’une pourpre cardinalice, je voyais à l’expression de ses yeux exorbités, voire aux diarrhées pestilentielles et péremptoires par lesquelles il pouvait encore exprimer son assentiment, combien notre mode de communication était enfin bien et parfaitement établi, complice, « compliciel » même si l’on veut, après tant d’années, durant lesquelles, il m’avait semblé que nous nous étions — comment dire ?… — raté, oui, c’est bien cela, « raté », raté, en quelque sorte.
Plus le travail prenait forme, plus son excitation était grande, indescriptible même, dans cette formidable immobilité dans laquelle la maladie implacable l’avait plongé. Quand enfin, épuisés que nous étions tous deux — surtout lui : le Grand Homme ! —, je lui relus cette Œuvre — son Œuvre !—, que j’avais pris ultimement sous sa dictée impérieuse, c’est de joie qu’il mourut je pense, dans une suffocation ultime de joie, et, détail ô combien touchant : comme Madame de Vercelis dans Les Confessions de Jean-Jacques Rousseau [37], dans un dernier pet… car c’était un littéraire ! Je pus, si j’ose dire, recueillir donc son dernier souffle… en quelque sorte… pour le coucher sur le papier… avec le reste. Après avoir inspiré à quasiment tout son personnel une sainte horreur, il eut ainsi une sainte mort. Lorsque j’appelais l’infirmière de garde, laquelle conversait depuis quelques temps [38] avec l’interne de garde, là, dans le bloc de surveillance, toutes lumières et toutes portes fermées, sans que j’osasse les déranger dans leur conversation — professionnelle, je suppose, — heureusement, il était trop tard. Le voir dans cet état, vous ne pouvez pas savoir quelle peine cela me faisait : lui, un homme si brillant ! Si brillant que, pendant toutes ces années, il nous avait tous éteints et tous éclipsés avec un constant contentement.
Rentrant chez moi après trois mois de labeur intense le manuscrit sous le bras, je décidais de publier, à mes frais, cette somme — Ah ! Morale ! —, avec la maigre prime d’indemnité de licenciement qu’il avait été obligé de me lâcher quand même, ajoutée à trente-deux années d’économies grossissant un peu mon maigre héritage familial. Je dévouais ainsi l’intégralité de mes faibles réserves, le fruit de toute une vie de labeur inepte, à cette cause : fidèle en cela à ce sens de l’abnégation sublime — osons le mot, si je songe au montant de ma retraite — que m’avait inculqué de main de maître, à moi comme à tant d’autres, le Grand Homme, « Le Grand Tisonnier », comme on l’appelait aussi, parfois. De cette somme, il faut dire que j’avais volé la première ébauche, avant sa remise à un nègre [39] : la collaboration de mon cher Patron à l’ouvrage étant déjà fort avancée, quasi bouclée, puisqu’il m’avait déjà, non seulement dicté la préface et la dédicace, mais y avait encore apposé sa signature — sa Prestigieuse Signature de : ROBERT de TAILLENDUR — également. Alors, vous pensez ! Il faudrait, ici, peut-être, ajouter, que j’avais sauvé — oui, disons : « sauvé » — la première ébauche de cet ouvrage qu’il méditait, en l’emportant, subreptice, lors de ma mise à la retraite anticipée : pour garder de lui un souvenir et ne pas être totalement coupé de ces années lumineuses, qui firent toute ma vie, chez lui, comme secrétaire des Cabinets… : années durant lesquelles, il brilla… il brilla aux dépens de nous, ses collaborateurs zélés aux ailes rognées, tétanisés devant « L’Aigle », nous, vulgaires poulets ; S’il fût le sel, vraiment le « sel de [cette] terre », nous, nous lui apportames le grain ; c’est un réconfort que d’y penser encore. Que quelqu’un dans l’au-delà — s’il existe ! — ait son âme à présent, sa Grande Âme !… C’est tout ce que je lui souhaite, oui. De tout cœur, vraiment. Voilà.
De profondis. « Pour les siècles des siècles. »
Ah ! On est bien peu de choses ; hein ça !…
Quid novi ?… Quid Juris ?… Quid prodest ?…

— Amen..

Signé : Achille AZERTY
(préretraité honorable, ex-secrétaire des Cabinets de M. ROBERT DE TAILLENDUR [40], Ex-Chef d’Entreprise[s], Directeur des Ressources Inhumaines Honoraire de la firme M.D.C. International & Co Limited. Licencié es-Entreprise[s]. Modeste créateur et animateur, depuis, d’un « Comité de Vigilance Anti-capitaliste ». )

Post Scriptum (Post-Mortem) :
(Requiem in Pace.)

Dans un premier mouvement du cœur, j’aurais volontiers dédié l’ouvrage au Grand Homme, à ce grand c[h]réti[e]n admirable en outre, à cet Homme de foi[e], père de famille nombreuse exemplaire, à cet amant inoubliable selon ses secrétaires à jamais stérilisées, à ce mâle aux capacités sexuelles hors normes, et, qui, dans les affaires, manifesta sa virilité turgescente et chatouilleuse, à ce témoin (allumé) que j’ai eu l’insigne honneur de côtoyer, moi, si modeste, durant tant d’années… mais, l’ayant lui-même destiné en rédigeant sa préface et la dédicace à la mémoire de Monsieur de Talleyrand- Périgord, Prince de Bénévent, Prince d’Église, Évêque d’Autun, je ne peux que respecter la volonté du défunt. Dans cet ouvrage édifiant, le lecteur pourra mesurer toute la Grandeur, toute la Hauteur d’une vie tout entière consacrée au « Pouvoir », et, à la « Domination », deux résultantes naturelles d’une « Supériorité », naturelle, elle aussi, évidemment, comme de tous les « Justes », qui faisaient de lui un « élu de Dieu » et de la Société Ultra-Libérale Avancée Mondialisée, Interplanétaire, et, bientôt, intergalactique.
————————————————————Modestes propositions d’EXERGUES à l’ouvrage
de
M. ROBERT
DE TAILLENDUR :
par Achille AZERTY,
(Préretraité honorable, ex-secrétaire des Cabinets
de Monsieur Robert de TAILLENDUR, Ex-Chef d’Entreprise[s], Directeur des Ressources
Inhumaines Honoraire de la firme M.D.C. International & Co Limited, hélas récemment décédé.)

« Marquez un galérien au front et vous lui donnez une sorte de droit sauvage […] Au fond de tous les vices, il y a sans doute quelque condamnation à laquelle on croit. »

Émile Chartier, dit ALAIN

« Celui qui n’est pas anarchiste à seize ans, n’a plus à trente assez de vigueur pour faire un capitaine de pompier. »

Émile Chartier, dit ALAIN

————————————————————MÉDIOCRATIE :

Le Pouvoir sera obscène ou ne sera pas !…

*

Le Pouvoir sera vulgaire ou ne sera pas !…

*

La faim justifie nos moyens.

*

La fonction crée l’orgasme.

*

Si la sélection est naturelle, « le naturel » doit se sélectionner. Restons naturels en toutes circonstances.

*

Bien sûr, il y a ce qu’est le vrai chef, ses qualités nécessaires, naturelles et incontestables, incontestées. Mais lorsqu’on veut devenir Chef absolument, résolument, et qu’on n’a pas ces qualités, qu’on sait qu’on ne les aura jamais — jamais ! —, eh bien !… il faut s’adapter. Oui… s’adapter. Voilà !…

*

L’exercice du pouvoir a toujours été le refuge du faible, impuissant à créer. C’est un rôle de fonctionnaire qui vise au mieux à gérer — ou, au pire, à détourner — ce que d’autres ont su créer. (Tous ceux qui savent cela, l’ont compris… : le leur faire payer !)

*

Une bonne fois pour toute : quelqu’un de très intelligent est quelqu’un qui m’aura compris ou plutôt qui fait semblant.

*

Quand on est médiocre, il n’y a guère qu’en s’entourant de nains que l’on peut paraître « Grand ».

*

Tout ce qui me dépasse, me dépassera d’au moins une tête, qu’il s’agira donc de couper.

*

Un insoumis, c’est quelqu’un à qui on n’a pas encore, oui, rappelé assez bien, fait savoir, qu’il n’est « qu’un nain » et qu’il se doit d’« être soumis » ; comme les autres.

*

À défaut de pouvoir s’appeler un jour Pic de la Mirandole et d’en avoir le génie, tirer ses quartiers de noblesse : et du mirador, et du pic à glace.

*

Pratiquer le croc-en-jambe, quand on ne peut montrer les crocs.

*

Faire tourner d’abord les gens en bourrique ou en barrique ; puis, de la bourrique — ou de la barrique — en queue de nouille ; car « en quenouille », c’est (déjà) une chose, mais en queue de nouille : c’est pire !…

*

Avec les nouilles, une seule règle : porter à ébullition d’abord ; égoutter ensuite ; puis touiller.

*

Dites aux gêneurs qu’ils sont mauvais : ils finiront pas le croire ; surtout s’ils sont meilleurs que vous. Vous pourrez alors les punir, au besoin les exécuter.

*

Un consciencieux, qu’est-ce ?… — Oh, c’est très simple : c’est un con sans science et sans cieux… sans avenir quoi ! Un qu’on fait trimer mais à rien ; un qu’on use, pour le seul plaisir de le voir s’user à n’être rien.

*

Bien se souvenir qu’on ne peut gouverner qu’une fois les poches de bonne volonté définitivement réduites. L’enjeu est facile à comprendre : les « bonnes volontés », par définition, sont libres… Leur préférer toujours les collaborateurs qui sont des renégats assermentés.

*

À celui qui se contente de ne faire acte que de présence en refusant de collaborer à la « Grandeur » et au « Prestige » de « L’Entreprise », obscurément s’arranger pour lui faire un jour signer un acte d’absence et de mise au placard définitif.

*

Craindre les mystiques dans quelque domaine que ce soit. Savoir qu’ils ont raison et nous donnent tort sans partage. Faire en sorte qu’ils en aient marre ; soient à bout — ces marabouts ! — ; les éradiquer dans la boue.

*

Craindre les mystiques dans quelque domaine que ce soit : savoir qu’ils ont raison et nous donnent tort sans partage. Faire en sorte qu’ils aient tort dans tout domaine, et, sans partage : subséquemment, aux yeux de tous.

*

Soit ! La « Pureté », la « Grandeur d’âme »… est… vertigineuse ! Certes… certes. Mais, la bassesse étant abyssale : savoir qu’il suffira de se coller au pied de n’importe quelle « grande âme » pour lui flanquer le vertige ; voire le ramener d’emblée à plus d’humilité ; en un mot, pour qu’il fasse une chute mortelle de tout son haut, tout ainsi confronté soudain à notre bas, bref, au plancher des peaux de vaches !…

*

Savoir — et se le répéter par souci de sécurité — qu’il n’y a pas plus calé que les « purs » en matière de cynisme et de mauvaiseté efficace : puisqu’on ne connaît bien, de fait, et, au mieux, que ce qu’on combat. Leur faire donc, en tous lieux et par tout moyen, « cracher le morceau » ; pour mettre en pratique ce qu’ils ne pratiqueront pas ; et, que quelque part du reste, pour justice, ils trouveront normal ou quasi qu’on applique soi : puisqu’ils en ont compris et démonté le mécanisme, jusque dans ses moindres rouages.

*

Savoir — et se le dire ! — que le Pouvoir est toujours assis sur la Lâcheté et la Bêtise, et, que ce qui maintient indissociables ces deux assises, c’est, plus redoutable et plus fidèle encore : la cruauté qui est le vrai ciment des trônes. Générer cette cruauté : c’est cela régner.

*

Dans ceux qui ne sont pas meilleurs choisir d’être le pire. Tant qu’à faire !

*

Choisir comme bras droit le plus con ; le plus rédhibitoirement et naturellement con ; l’indécrottable. S’en servir comme tampon. Faire de toute sa bonne foi vertigineusement répugnante et sans prise aucune d’imbécile, le rempart de sa mauvaise foi, toutes les fois qu’il est nécessaire. Bref, qu’il apparaisse à tous, à chacun — sauf à soi-même ! — comme étant le bras droit de la main gauche du Seigneur : un « bras d’honneur », indécrottable, merdeux, qu’on n’ose toucher ; pas par crainte : par hygiène !… Mais qu’on n’ose toucher, quand même.

*

Un « bras droit » est toujours — se doit d’être toujours — un bras droit mais de la main gauche.

*

« Colin-tampon » : le mettre au timbre. Colin-tampon : en faire celui qui envoie ou qui porte en main propre (sic ! ) les « lettres de cachet ».

*

Les « zéros en chiffre », mais placés à bon escient, sont toujours ceux qui font monter la ligne des bénéfices !

*

Un bureaucrate, c’est simplement — mais très génialement ! — quelqu’un qui est passé maître dans l’art de faire porter la bure aux crétins.

*

L’Art — non — le génie ! (singulier et tout entier) du Chef incontesté consiste dans l’art de gérer les médiocrités en les générant au besoin, pour installer, à leur sommet, la sienne propre.

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Gouverner, c’est gérer les médiocrités de chacun, voire les susciter, en les dirigeant contre ses ennemis ; c’est aussi susciter la veulerie. Car, la souillure est une souille : on s’y complaît. Et, c’est toujours pratique, en temps utiles, de pouvoir accuser les gens de saleté.

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Quand on accomplit une manœuvre de stratégie, qu’il advient qu’elle est repérée, dire toujours alors, avec hauteur, qu’« on fait un geste ».

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Donner à tout ce qui est propre l’impression d’être sale ; conférer à tout ce qui est sale autorité, référence, en matière à révérence, en matière de propreté.

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N’utiliser la brosse à reluire qu’avec les croquenots, les savates. Proclamer dès lors que l’on a trouvé : « …chaussure à son pied ! » ; botter les trains des autres, dès lors, et, journellement, avec.

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Ne jamais hésiter à passer un savon à ceux qu’on aura fait mousser. Et, ceux qui se sont fait mousser : les faire plonger.

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Le Pouvoir consiste d’abord à gérer les lâchetés de ses subordonnés. Le génie consiste à les générer.

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La peur et la lâcheté, s’ils ne font pas la force des armées, font la fortune des exploiteurs.

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Se méfier : les petites mines peuvent être « anti-personnelles ».

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Songer que même les « crèmes » ne sont meilleures que fouettées.

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Ne jeter des fleurs à quelqu’un que pour lui tresser une couronne,… mortuaire.

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Pour chasser le cafard — s’il vient ! — en écraser une paire.

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Les ambiances se gèrent.

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En matière d’autorité, il ne s’agit pas tant de se faire entendre que de se faire écouter.

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La meilleure façon de « mettre du plomb dans la tête » au vilain canard, c’est encore de lui mettre du plomb dans l’aile.

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En matière d’employé — car l’employé est une matière que l’on fait et qu’il faut travailler — : atypique = utopique.

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Ne jamais partager le Pouvoir. Se méfier des consistoires : des cons vous y font toujours des histoires. Se méfier des corps constitués : l’aréopagite les guette. Dans l’aréopage, il y en a toujours un, en effet, si ce n’est plusieurs même, qui bullent. Les autres vous font chier.

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Quand on se fait une opinion avec des « bruits de chiotte », on doit s’attendre un jour à quelque coup de brosse bien placé. Attention ! donc ! à ne pas oublier le pare-brosse ! Pour se faire : premièrement, prendre pour second le plus emmanché ; deuxièmement, apprendre l’escrime.

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Colin-tampon ?… Le mettre aux timbres.

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Avec les subordonnés imbéciles mais méritants car serviles — prêts visiblement à tout supporter — ne pas hésiter à confondre « attitude » avec « aptitude », pour les valoriser aux yeux de tous.

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Toujours payer le zèle non servile et le travail bien fait mais sans flagornerie d’un sentiment de culpabilité ; n’honorer, ostensiblement, que les œuvres de la bassesse : en se payant, en plus, le luxe du mépris.

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La complaisance la plus servile et la plus grossièrement singée passera pour amitié auprès de la vanité ; quand la charité objective passera, elle, pour persécution et pour vanité complaisante.

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Dévaloriser les valeurs et valoriser les voleurs : s’ils vous rapportent ce qu’ils volent.

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En matière d’abjection, c’est le premier pas qui croûte. Qu’il soit bien entendu que ceux qui ne marchent pas, ne la casseront pas ou plus.

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Le regard de l’autre vous rend ou vous enlève — en principe — toute dignité. Personne n’existe « en soi », hors soi.

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Avoir la médiocrité trépidante.

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Devenir une ordure biblio-dégradable, et, par son contact, et, par dessus tout, dégradante, aussi, pour autrui. « Faire signe » — soit — mais ne pas « faire trace ».

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Voir et savoir toujours comment le monde sombre journellement : en tirer les leçons de son profit.

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Préférer et valoriser toujours les besogneux sans envergure aux réels talents mais qui ne sont pas prêts à pactiser, ni même à se laisser acheter.

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Montrer aux enthousiastes que mettre fin à un projet, c’est une façon de le réaliser. — Ensuite, les mettre en orbite…

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Pour jouer les fouilles-merdes choisir parmi les plus grasses, les plus grosses, les plus belles du lot, une merde… : elle se changera en chien truffier ; ce qui se rassemble s’assemble.

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Le sous-chef, c’est le « sous-derche »« lèche-cul » qu’on « gonfle » jusqu’à ce qu’il faille un chausse-pied pour le faire rentrer dans une pièce, où, « pompant l’air » de chacun, il les fera tous chier.

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La « méritocratie » se doit d’être l’étalon-or de l’équilibre budgétaire en matière de « médiocratie ». En matière de veulerie et de lâcheté flagorneuse donc, chaque « sous-verge » et « sous-derche » se devra, non seulement de persévérer, mais encore de continûment et significativement progresser.

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À tous les impuissants qui s’illusionnent sur leur propre compte mais qui scrupuleusement collaborent… : laisser l’illusion qu’ils sont des nains puissants ; ils se transformeront en autant de petits dictateurs, de relais, excellents pour la bonne marche de l’Entreprise, l’entretien de notre prestige propre. Rien ne fonctionne sans kapos.

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Dans le mot « employé », il y a le verbe : « ployer ». Ce qui signifie que tout employé se doit d’exercer sa tâche en ployant. S’il ne le fait pas… c’est très simple : c’est qu’il resquille !

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Ne pas hésiter à frapper durement jusqu’à ceux qui collaborent, car ceux qui sont toujours « près du manche », s’ils ne le savent pas déjà devraient savoir — les crétins — qu’être « près du manche », c’est être forcément près du bâton. Ô cons !… Être près du manche, c’est aussi la meilleure façon à terme de se faire entuber !… Y en a qui aiment !… C’est à croire.

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Bien se souvenir que parce qu’il s’est avéré achetable un jour, un vendu est toujours revendable,… en solde ! Quant aux perles rares qui prétendent n’avoir aucun prix, si l’on ne peut à aucun prix casser les prix, deux solutions : premièrement : les enfiler. Deuxièmement : ou bien se défiler en les refourguant à la concurrence, pour qu’elles leur restent sur les bras. C’est toujours autant de temps de gagné, et… bien de l’économie !

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N’avoir quelqu’un « dans la manche » que juste le temps qu’on s’y mouche.

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Ne mettre sur un piédestal que ceux qui doivent en tomber.

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Il est impératif que tout disgracié (condamné) collabore à sa déchéance ; elle sera d’autant plus délicieuse que le disgracié (condamné) l’ignorera.

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De toute éternité, les ergots de coqs sont faits pour être fichés dans la chair vive… Couper donc ceux des autres. Parer les siens d’acier.

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Dans la mesure où la plupart « prennent leur vessie pour une lanterne », ne pas craindre de les traiter comme des vessies qui lanternent : les « allumer ».

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Quand tous les rayonnements personnels ont été, peu à peu, éteints, éclipsés, et, que tous les projecteurs sont braqués sur un seul… : un seul rayonne. (Au moins au bénéfice du doute !…)

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Pour passer pour « une Lumière », ne pas lésiner sur les fusibles.

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« Ceusses » qui se prétendent des lumières, qui brillent jusqu’à vous éclipser, jusqu’à révéler les zones d’ombre : une seule solution — radicale — les survolter !

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Priorité absolue et règle première : dégoûter d’emblée les bonnes volontés ; les avoir à l’usure, pour pouvoir ensuite leur reprocher leur laxisme ; les faire sauter. Savoir, et faire savoir (pas dans le discours mais dans les faits) : qu’on a moins besoin de « lumières » que de fusibles pour faire fonctionner la boîte.

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Avoir peu à peu mais résolument dégoûté toutes les bonnes volontés, pour ne garder autour de soi que la collaboration très naïve et très délatrice des lâches… Alors, le vrai Pouvoir commence.

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Ne jamais oublier cette vérité première et dernière : les médiocres sont à eux seuls « les sept piliers » de tout Pouvoir.

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Pour régner, faire passer les vocations authentiques mais exigeantes, et, de fait, non récupérables, pour des maladies mentales ; leur opposer les médiocrités qui « collaborent » besogneusement au maintien du Pouvoir pour l’expression authentique des qualités intrinsèques requises pour l’exercice du métier ; bref, diviser.

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Un subalterne n’a qu’un seul droit : être médiocre. « Sue, balle !… terne … » : s’en tenir là.

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Subalterne = peau de balle.

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Un médiocre est nécessairement aussi bête, méchant et laid : laid de la seule vraie laideur, qui est celle de la méchanceté, de la bêtise, et, de la médiocrité.

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Être plus intelligent que son Chef hiérarchique a toujours été et sera toujours un cas rédhibitoire. En ce cas, toujours réclamer la tête.

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Collaborateur trop brillant ? Laisser : les médiocres s’en chargeront. Leur prêter main-forte au besoin, en leur donnant autorité en matière de répression.

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Aspic pique et collègue-drame !

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Savoir que, comme en enfer, « les damnés de la terre » font le travail eux-mêmes, fort bien, avec beaucoup d’application et de constance… Jouer sur les jalousies, afin que le juste — ce témoin tout désigné pour juger du maintien de cet arrangeant équilibre, — afin que le juste, dis-je, soit toujours bafoué, calomnié et persécuté.

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Jaloux : locataires de la vie des autres. L’espèce est très répandue dans la race des subalternes. Se reproduit comme les lapins, les rats plutôt. S’arranger pour percevoir, quoiqu’il advienne, les loyers d’une façon ou d’une autre.

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Le Patron a tous les droits ; et, d’abord : celui d’être con.

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Le Pouvoir rend peut-être con… mais fort !… Ah ! Quel confort !

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Pour montrer qu’il est supérieur, l’Humour Patronal se doit d’être incompréhensible. — Exemple : « Question : quel est le comble en musique ?… Réponse : quand la Démocra chie (Quelle tuile !), la Fa schiste… » Autre exemple : « Question : quelle est la nouvelle gamme en cours et à mettre en pratique pour qui prétend connaître la musique ?… Réponse : Domrémi, fa, sol, la, si, do … » Facile !

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« Boulou… boulou… boulou !… Ka… ka… karutcha !… Ploum, ploum, tralala…

— Boum ! Boum !

— En avant la Zizique ! Tous au pas… T’Zim, Bam, Boum ! réglés sur la Grosse Caisse. Pif ! À nous les dièses, les bémols ! »

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Spolier ses ennemis des honneurs auxquels ils ont droit ; orchestrer même leur désaveu.

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Orchestrer les échecs d’autrui afin de jouer au ténor.

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Caisse de retraite ? Qu’est-ce ?…

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Caisse de retraite ? « Tzim Boum Boum, Tagada tsoin tsoin !… En avant la Zizique ! Turlu-turlute !!!… »

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Pour le Patron, « connaître la musique » : c’est renfoncer un hélicon dans la gorge et deux bassons dans les oreilles de quiconque prétendrait lui « jouer du pipeau ».

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La cadence rythme l’exploitation comme le métronome la musique. (Le métronome, c’est la pointeuse, ici). Il importe de garder la mesure, de garder la mesure… (dans la démesure, s’entend !)

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Quand la cadence bat sa mesure et son plein,… même les cas dansent ! Hop-là !

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Savoir que demander l’impossible à quelqu’un et l’obtenir à ses frais ne laisse aucune trace ensuite ; d’autant qu’on peut lui reprocher la dégradation physique ou morale qui s’en suit ou s’en est suivie. « Toujours sourire, pays merveilleux ! […] »

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Bien considérer, considérer préventivement, qu’assis à un poste élevé, le remords… : c’est la fistule de l’esprit, l’hémorroïde du coeur (même blindé, même enlevé). S’asseoir quotidiennement, par conséquent, et, par hygiène, sur les « ronds de cuir », afin de les éviter.

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Parmi la grégarité répugnante, et, proliférante, et, qu’il faut traiter, des hommes-troncs, seul le Patron n’est pas tronc. Aussi, quand, d’aventure, l’un de ces troncs le traite d’« étron », pris soudain d’un coup de folie, le Patron répond-il toujours : « Et ta soeur ! », avant de marcher dedans, de l’écraser de la semelle, de le faire jaillir aux quatre coins des plaines.

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Chez les vrais employés, ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire les trois grimaces essentielles : se boucher les oreilles, la bouche, et, se boucher les yeux. (Les constiper de partout !)

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À chaque défécation, méditer sur ses ennemis. Faire de chaque excrétion l’expression de l’exécration. Saisir, d’une main sûre, son avenir — d’une main implacable même, — pour dessiner la stratégie qui pénétrera la défense des ennemis et les confondra tous aux yeux du monde ébahi de tant de détermination… d’esprit et de pénétration… de sens du fondement.

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C’est en pétant sur ses ennemis (avec conviction !… sans vergogne !…) que l’on sait le mieux d’où vient le vent.

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Puisque domine « la loi de jungle », et… universellement… : être King Kong ou Tarzan ; conférer à chacun des souplesses de lianes. (Avis aux femmes adultères dont les maris sont soupçonneux : Tarzan laisse la langue noire !)

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À la subtilité du renard et à la majesté du lion que prône Machiavel : adjoindre la bave du crapaud, la pisse d’âne, et, le pet de l’éléphant dérangé et incontinent. Les emmerder avec faste !…

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Cracher dans la soupe reste encore la meilleure façon de la manger tout seul. Pisser sur les lardons et péter dans les choux qui surnageraient encore… Dans la cuisine salariale, pratiquer le maintien de l’ordre.

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Une bonne fois pour toute, c’est celui « qui porte la culotte » qui a le droit de chier dedans pour emmerder le monde ; si cela lui chante.

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On ne peut complaire à tous. Mais on peut compisser tout le monde.

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Rien ne donne meilleure conscience que de parler de course à pied dans la maison d’un cul-de-jatte. Aussi, convient-il de parler souvent — avec lyrisme ! — de « Liberté » ; de liberté et d’« Égalité… » ; d’égalité et… et de « Fraternité !… » aux employés… — Bâh ! Tant qu’à faire !…

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Demander aux subordonnés que l’on persécute s’ils sont heureux, comme à un cul-de-jatte qu’on viendrait d’amputer soi-même et à qui l’on dirait : « Pourquoi, mon ami, ne marchez-vous pas ? » Parvenir à le dire enfin sans rire. (Omettre que dans ces cas précis, les jambes repoussent quelquefois.)

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Comme une belle de harem ou le maître du gynécée : ne laisser jamais deviner son vrai visage que derrière la mouche à rabier de quelque affabilité de commande.

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Dire toujours qu’on fait le contraire de ce qu’on fait, de fait ; mais le dire avec l’œil et la voix claire : les idiots n’entendent que la voix et que le ton. Les lâches applaudiront. Les quelques rares extralucides y regarderont à deux fois avant d’oser intervenir face à tant de cynisme tranquille si complaisamment étalé, qu’il ne paraîtra que tel un défi dangereux à ne pas relever.

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Pour un « empêcheur de penser en rond », il importe d’être carré.

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Avec les « empêcheurs de penser en rond » : « être carré » avant tout.

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« Ceusses … », qui, ostensiblement, vous regardent en chien de faïence : toujours les recevoir comme chiens dans un jeu de quilles.

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« Ceusses… » qui vous « gardent un chien de leur chienne » : les vouer aux rubriques des chiens écrasés, ou, dans le meilleur des cas, au chenil.

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Se donner un mal de chien quand on est « comme chien et chat » : cela, c’est une attitude de pauvre. Quand on fait la pluie et le beau temps et qu’on peut les mettre dehors, on ne rencontre que des « chiens couchant », et, des chattes, qui « ont du chien », pour qui les premiers soudain ne sont que « des chiens coiffés ».

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Puisque — c’est un fait entendu — il y a des chiens… : il faut des laisses, des laisses, oui, surtout… et… des bâtons. Accessoirement, des muselières et des os.

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Aux chiens qui, croyant sentir le vent tourner, iraient déterrer leurs os : que le trou serve de tombe.

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Tout est biens qui finit chien. Tout est chien qui finit biens.

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En matière de syndicalisme, de « C.E. » (je traduis : de « Comité d’Entreprise… ») Eh bien, il n’y a pas de C.E., il n’y a que des conférences de presse.

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Séduire la déléguée ou le délégué syndical — il suffit de les flatter, ce sont toujours des frustrés, n’est-ce pas, et des mal baisés — : c’est non seulement une façon noble de l’entuber, mais d’entuber toute la section.

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En matière de « syndicalisme » et de « droit du travail » : que celui des militants qui déterre les conflits sache qu’il creuse sa propre tombe.

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Lors de chaque prise de parole officielle, mais même privée en petite cour, s’arranger toujours pour que le propos atteigne une portée générale, symbolique mais très concrète, qui fasse que chacun se sente visé — dans le viseur — comme un « zéro pointé ». Alors, les héros se font rares !…

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Droit du travail : le livre m’est tombé des mains. Tout le reste est littérature !…

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Règle de base : savoir qu’il convient de transformer — selon la leçon : « B/A = « Bâh !… » de la Magie Patronale — tout piquet de grève en pilori.

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À tous les innocents qui réclament une place : donner celle du pilori.

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À ceux qui prétendent « qu’on-s’en-suce » : montrer — virilement ! — « qu’on-s’en-tappe ».

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Être virtuose pour exécuter les Œuvres Sociales.

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Par très juste définition : tout ce qui ne plie point se rompt.

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Que le discours officiel soit toujours la corde où l’on sent qu’on peut pendre quiconque « haut et court ».

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Les têtes de linotte qui croient avoir mangé du lion : les tenir d’abord en lisière ; puis, les abattre comme des lapins.

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À ceux qui ont le feu sacré : donner le « feu vert », puis le « feu orange »… Aussitôt, les prendre entre deux feux.

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À ceux qui sont « tout feu, tout flamme » : songer à dresser des bûchers. Faire alors feu de tout bois.

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Faire mourir « à petit feu » quiconque joua avec le feu : lui resservir son propre plat.

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Pour embarrasser l’adversaire, gagner du temps : avoir des « toutous » dans son jeu ; les lui lâcher dans les jambes.

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Le syndicaliste, c’est toujours un peu Horatio — l’Horatio d’Hamlet de Shakespeare — qui témoigne… une fois que tout est fini.

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Dans le mot « interminable », il y a peut-être le mot « inter », mais il y a surtout le mot « minable ». Faire comprendre aux subalternes qui demandent un rendez-vous, qu’il s’agit d’être bref, « inter nos ».

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Il n’y a pas de discussion avec les inférieurs : il n’y a que des monologues déguisés auxquels il sont convoqués.

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Que les « rendez-vous » soient toujours l’occasion de clouer le bec à qui les demande. Et, qu’un clou chasse l’autre.

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Règle de base et de principe : de même qu’un train peut en cacher un autre, un rendez-vous doit toujours cacher un autre rendez-vous : le second écrasant immanquablement l’imprudent qui sollicita naïvement d’être embarqué dans le premier. (Pure justice !…)

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Au cours des rendez-vous accordés (parcimonieusement) : faire bien comprendre au subordonné qu’il n’est qu’un ectoplasme, que pourtant l’on n’a pas rêvé.

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Le monologue, c’est le dialogue des Chefs, des vrais. Quand le Chef se parle, il parle avec Dieu.

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Ragot… : radeau !… Dans un entretien accordé à un inférieur : savoir que le ragot sera toujours le radeau par lequel — en définitive ! — on pourra toujours se sauver.

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Partir du principe que les arguments de mauvaise foi sont ceux qui minent le mieux le foie et la foi de ses adversaires. Pouvoir revendiquer hautement mais intérieurement la vaillance invisible — mais invincible ! — de l’amibe.

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Quelqu’un qui condescend « descend »… : descend de son piédestal. Entendons que quelqu’un qui condescend est un con. Ainsi donc, par conséquent,… pour guise de conclusion : il faut « monter », monter, monter toujours ; sur ses grands chevaux… des chevaux toujours plus hauts. En coupant les cheveux en quatre. En se servant des serviles pour marchepied, ô cons !

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Il n’y a pas que la mer qui se démonte : se faire océanique et être démonté ! Rendre le mode d’emploi pour le remontage, introuvable !… Démonter alors tous les cons.

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Ceux qui ne mentent pas : les « démonter » ou les « monter ». Car… enfin… pour un Chef… un Patron… : le comble est bien d’être monté de gens qui ne montent pas.

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À chaque grande première, ce qui compte, en fait, ce sont « les trois coups » qu’on donne, et, de savoir sur la tête de qui. Quand il est mort le poète, et que chacun le sait, le sent, ou bien rentre dans les coulisses… : la pièce peut alors commencer.

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La pensée libre dépend de l’oxygène qu’on vous a laissé. Aussi ne permettre à personne de penser à pleins poumons. Entretenir une atmosphère à l’air compté, raréfié, péteux et vicié, irrespirable : pour réifier quiconque prétendrait s’exprimer en toute liberté. Interdire la parole, comme dans les sous-marins en cas de panne, en plongée, au fond : quand tout l’équipage se regarde avec des yeux blancs, que chacun pense qu’il va crever.

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Pour redonner le feu sacré : mettre le feu aux derrières.

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Dès qu’il s’agit — à sa demande — d’« éclairer la lanterne » de quelqu’un : l’allumer.

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À tous ceux qui vous parlent de pied d’égalité, recta : foutre le pied au cul.

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Avec les employés, les grandes pompes : c’est toujours dans le cul.

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Prendre en compte les doléances — surtout si elles sont fondées — : les envoyer en grandes pompes (Pin ! Pom !… Pin ! Pom !…) en recommandé… en poste restante.

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Tout ce qu’un subordonné peut vomir sur votre compte : n’en rien gober ni digérer ; le faire avaler par les autres — ravaler, oui ! — pour débusquer celui, tous ceux, qui ne sauraient pas non plus contenir, se contenir.

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Quand un subalterne s’entend soudain à empêcher qu’on gère les affaires publiques comme on gère des affaires privées, et, soudain, se prend à le dire et à s’en mêler… : se mêler de sa vie privée !…

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Bien se souvenir, bien montrer, que les ébats sexuels des subordonnés sont matières à relations ; donc à débats.

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Dans les histoires de cul, les histoires de cul et les histoires de cuites… — des autres, cela va sans dire ! — : avoir la mentalité méticuleuse et clinique d’un archiviste formé à l’école des « Annales ». Dans les « règles de l’Art » : les faire chier.

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Quiconque est au service d’un homme public n’a pas le droit d’avoir de vie privée.

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Un célibataire est nécessairement (quand il « emmerde » la Direction) : un coprophage… un pédophile… un homosexuel… un impuissant… un érotomane… un zoophile… un fétichiste… un nécrophile… un sadique… un masochiste… un alcoolique… un drogué… un sataniste…un tatophile … : bref, un athée… un athée, oui ; et, un cocu ; au besoin.

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Si l’on apprend d’un célibataire subalterne, qu’il vit avec un poisson rouge : en profiter pour accréditer auprès des jaloux mariés — cocus ou non, mais frustrés en tous les cas —, comme auprès des homosexuels ou des guines par lui éconduits, qu’on avait toujours pensé, su… senti… qu’il avait de bien vilaines mœurs.

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La diffamation portée contre un subalterne gênant n’est pas « diffamation » : c’est la vérité providentielle que chacun — c’est une évidence ! — attendait. (Non seulement le faire savoir, mais l’imposer.)

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Toute vie privée de subalterne s’invente et se romance dès qu’il s’agit soudain de la rendre publique.

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Si l’on ne trouve rien à redire sur le plan professionnel à son subordonné, mais si, par ses idées, il nous emmerde : pratiquer le confessionnal avec le toupet des chauves de l’âme qui « tondraient un œuf » pour qu’il ait l’aveu « sur le bout de la langue », et, qu’ayant enfin quelque chose « en travers de la gorge » pour le faire heureusement taire, naturellement, « il se coupe ». Attaquer sur le plan de la vie privée, dès lors. Alors, transformer le confessionnal en barre des accusés. Regretter peut-être de n’être pas prêtre pour justifier cette pratique : un vrai prêtre, du moins dûment estampillé. En pratiquant, pour pratiquer la confession forcée, non seulement adopter « le point de vue de Dieu » propre à tout bon romancier, mais bien se dire qu’on est Dieu. « Le point de vue de Dieu » entraînant, naturellement, en le justifiant : « le jugement de Dieu ».

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L’usage des confessions publiques doit se concevoir comme suit : envoûter et infester sous prétexte d’exorcisme.

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Accuser ses ennemis de tous ses défauts intimes. Finir par croire intimement qu’ils en sont les seuls affectés. Alors, les sacrifier hautement !…

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« La Maison ne recule devant aucun sacrifice »…

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Pour réussir, ne reculer devant aucun sacrifice — sacrifice des autres, s’entend ! —. C’est le prix à payer.

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La déchéance s’obtient toujours à coups d’échéances répétées.

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Partir du principe que l’on tue n’importe qui par usure, en usant (j’entends : en le faisant s’user) — c’est selon — ou de son « sens du compromis », ou bien, alors — et c’est plus facile et rapide — de sa « conscience professionnelle ».

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Amener peu à peu le « faire ce qu’on doit faire » au « faire ce qu’on peut ». Puis, peu à peu, passer du « faire ce qu’on peut » au « faire ce qu’on ne peut pas ». Et, l’instaurer comme une loi.

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Qu’une fois de retour à leur râtelier vespéral, les employés méditent cette maxime profonde : « Qui a des dents n’a pas de pain. Qui a du pain n’a pas de dents. » Bref, leur rappeler que tout se paie.

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À ceux à qui on vole la vie, toujours donner l’impression de la leur donner. Chercher à les persuader qu’ils nous la doivent, de fait, qu’ils ne nous en rendront jamais assez la monnaie…

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Porter sa bonne conscience comme un manteau impérial, puisqu’elle ne pèse qu’à ceux qui la portent… qu’à ceux qui en portent la traîne, derrière… derrière… : à la traîne !

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Et pour les employés, la vie se passe, ou, bien plutôt, trépasse ainsi.

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Rester décent : considérer que le privilège de la « place au soleil » implique plus le port des lunettes de soleil que celui de la crème à bronzer.

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Qu’un pauvre ne naisse pas riche : c’est là la preuve indubitable de son infériorité, l’expression d’une volonté divine. Il importera donc de faire, implacablement, et, moralement, respecter la volonté de Dieu, en toute époque et en tout lieu.

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Histoire drôle (Humour Patronal) : « Question : à quoi reconnaît-on qu’un pauvre à sa naissance promet d’être intelligent ?… Réponse : s’il fait une tête d’enterrement. »

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Donner à faire un quelqu’un un boulot qu’on ne voudrait pas faire soi, c’est lui marquer la gratitude et le respect qu’il nous doit.

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Quand on n’est pas d’un milieu porteur, c’est qu’on est d’un milieu qu’on doit porter, qui vous écrase. Alors, on s’écrase ; et on porte !…

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Cultiver les différences non comme facteur d’intégration mais bien de désintégration au besoin !… Rester intègre sur ce point.

*

Un pauvre ne peut que naître « à la sauvette », grandir « à la va-vite », vivre « comme il peut », et, mourir « à la sauve-qui-peut ». Il n’y a, là, rien à redire.

*

Poursuites judiciaires futures pour mauvais traitements à employés subalternes ?… Allons !… Que peut-être la persistance de la mémoire chez quelqu’un qui n’existe pas ?… Allons ! Allons !… Un peu de sérieux ! Rien à craindre.

*

Bien saisir cette chose profonde, éternelle, et, historiquement régulièrement vérifiée : aux yeux conjoints de l’égoïsme et de la grégarité, ce sont les victimes qui sont coupables. (Toujours agir en tenant compte de la tranquillité des foules, qui cherche à se sauvegarder.)

*

Ce qu’il y a de délicieux, après coup, dans l’exploitation — avec toutes ces vies que l’on a gâchées en volant leur temps de façon éhontée dans la quasi totalité — : c’est, qu’après coup, les autres leur reprochent de n’avoir rien fait. Aux yeux de tous, en bref, ne reste que le ratage, disparaissent les raisons du ratage. Pas de traces : rien que la culpabilité reportée.

*

L’exploitation ne laisse de trace autre que l’exploité ; or, à terme, il n’est qu’un déchet, un péché… Qui l’écouterait ?

*

Un « capitaine d’industrie » est le seul qui ait le droit de quitter le navire, quand il coule. Il a même le droit de le torpiller soi-même, et, de ne pas sortir son mouchoir, lorsqu’il voit de loin couler l’équipage qu’il n’a pas prévenu.

*

L’autocrate s’auto-recrute. Ce n’est pas un principe. C’est un fait.


[1] .— La Bible du harcèlement moral.

[2] .— Note de A. A. (Note de son ex-secrétaire des Cabinets : Achille Azerty.) : « Mondial Distribution Compagny. »

[3] .— Note de A. A. : « Six chapitres, soit 66 fois, et 666 fois 6 fois !… »

[4] .— Note de A.A. : « J’ai du changer l’ordre, hélas, ainsi que le titre de chaque chapitre initialement prévus, le titre des chapitres prémédités par M. Robert de TAILLENDUR, mon regretté Patron, pour faciliter au lecteur la compréhension de son discours, de sa méthode… — J’en demande pardon très humblement à la dépouille, sinon même à la mémoire du Cher, du Regretté Grand disparu, d’autant plus qu’il s’avère, chaque jour, qu’il est “plus grand mort que vivant”, comme disait l’autre… »

[5] .— Note de A. A. : « Pour ma part, plus modestement, je dédie la modeste part que j’ai prise à ce Grand Ouvrage à l’Abbé Faria, que j’imagine dans sa prison du Château d’If, se remémorant des pages de la Boétie sur la politique, et, les commentant à Edmond Dantès. »

[6] .— Note à l’illustrateur : prévoir un graffiti de buvard porteur de la légende — par excellence mythique, mais nonobstant commune ! — : « C’est le chef qui a les plus grosses… »

[7] .— Note de A. A. : « Ce texte me fut dicté, entre les deux portes du Cabinet, entre deux commissions de licenciements, et, deux conseils d’administration, par mon vénéré patron, juste avant l’attaque foudroyante qui devait priver le Monde de la Mondialisation naissant de sa présence rayonnante. »

[8] .— Note de la Direction : « Zon !… Zon !… »

[9] .— Note de la Direction : « Gromikos, toujours un bâton dans le cul !… »

[10] .— Note de la Direction : « Contre et sur lequel nous avons bâti tout notre édifice politicien et politico-politique. »

[11] .— Note de la Direction : « Peuh !… »

[12] .— Note de la Direction : « Prout !… Prout !… »

[13] .— Note de la Direction : « Ah !… Ah !… »

[14] .— Note de la Direction : « Hobbes, là !… »

[15] .— Note de la Direction : « Personnel, financier et spirituel. »

[16] .— Note de la Direction : « “Gott mit uns… !” Oui, je l’avoue : nous avons racheté le slogan après une O.P.A. cherchant à sauver le P.I.B. d’Hitler, après faillite. »

[17] .— Note de la Direction : « Non sans quelque prudence. »

[18] .— Note de la Direction : « Mes futurs pairs de demain, dans ce futur proche, fort lointain encore, il vrai, de ma succession. »

[19] .— Note de la Direction : « Pairs de souille. Souille : “Bourbier où le sanglier aime à se vautrer” dit Le Robert, or, on m’appelle : “Le Sanglier”, entre intimes de Parti, des parties carrées et des parties de chasse. »

[20] .— Note de la Direction : « D’après les lendemains de ma très lointaine retraite qui, par conséquent, déchanteront mais tant pis pour eux. »

[21] .— Note de la Direction : « Où je prendrai ma retraite. »

[22] .— Note de la Direction : « Impossible ! »

[23] .— Note de la Direction : « Oh ! oui ! Da !… Bougre !… Bigre !… »

[24] .— Note de la Direction : « Bonnet B… ou bien F… ou N… Ah ! Ah !… »

[25] .— Note de la Direction : « Oui, Pascal est éclipsé, qui n’était qu’un janséniste !… »

[26] .— Note de la Direction : « Et je ne fais pas allusion à ce bolchevik de Chaplin ! »

[27] .— Note de la Direction : « Stade précédant de peu la postérité, et, que connaissent, toujours, les académiciens français par exemple, avant de devenir réellement “immortel” : prostérité = postérité + prostate. »

[28] .— Note de la Direction : « Prière d’acter. »

[29] .— Note de la Direction : « “Poum… !” — Et pas celui de l’Espagne en 1937, je vous prie de le croire ! Voir aussi le canon à employés, testeur d’Ultra-Libéralisme : autre version du canon à poulets testeur de pare-brise ! »

[30] .— Note de la Direction : « Azerty ! Corrigez ! »

[31] .— Pour ne pas dire : « Merde ! », puisque vous [nous en sommes] y êtes déjà ! [Note de l’auteur.]

[32] .— Celle dans laquelle, bien entendu, vous les mettrez tous [tous les autres] pour vous tirer de la vôtre. [Note de l’auteur.

[33] .— Note de la Direction : « Oui, je sais, le slogan a déjà été utilisé : “Gott mit uns “, mais, que voulez-vous : “Ce sont les plus gros mensonges qui prennent le mieux” comme dit le Docteur, que voulez-vous ! »

[34] .— Note de A.A. : « Saint patron. »

[35] .— Oui, tous comptes faits. Puisque je sais ce qu’il en coûte ! [Note de l’auteur.

[36] .— Note de A.A. : « Faisaient-ils un jeu de mots alors ? Je ne l’ai jamais su vraiment. »

[37] .— Note de A.A. : « Livre second. »

[38] .— Note de A.A. : « Comme chaque nuit, du reste… »

[39] .— Note de A.A. : « Moi. »

[40] .— Note de A.A. : « Affectueusement surnommé par ses sous-balternes : “Robert le Diable”.— “Subalternes : sous-badernes” qu’il disait ! »




Caca invite ses amis

Hommage à Françoise DOLTO, et, surtout, à ses épigones peu douées […].

CACA INVITE SES AMIS

(conte flamand suburbain — et néanmoins moral — destiné aux enfants au stade anal ou au stade anal prolongé.)

ZYGOMARD le petit cafard
qui fait son nid dans les placards
et PATATE
la grosse blatte
qui aime trop manger des tartes
vont à la fête chez CACA
le petit cancrelat

CACA habite un H.L.M
où l’on ne fait pas la vaisselle
il habite une poubelle

Au menu :
une citrouille
et des cuisses de grenouille
ça va chauffer : ouillouillouille
un vacherin pour le dessert
et pour arroser tout cela
un fond de vodka : Ah la la…
avec du bon Kacola !

PATATE en robe longue
et ZYGOMARD en smoking
sont au rendez-vous
les lascars…
Ils sonnent chez CACA : « dring ! »
et CACA ouvre en habit noir :

— « Comment vas-tu mon CACA ?

— Et toi PATATE ?

— Pas mal et toi ?

— Ah ! ZYGOMARD je me marre
Mais entrez donc.

— C’est beau chez toi !… »

Mais soudain
CACA a la trouille
car il n’y a plus de citrouille
ni de cuisses de grenouille
il n’y a plus que des nouilles
quant au vacherin : tintin !

C’était pour voir ses amis
que CACA a dit pour qu’ils viennent
qu’il y avait : « et ça et ci… »
Hélas CACA a menti

Il regarde ses amis :
PATATE en robe longue
et ZYGOMARD en smoking
qui viennent chez lui de faire : « Dring ! »

Et soudain il se fait petit
dans un souffle il dit : — « mes amis
je vous l’avoue j’ai menti :
Il n’y a plus que des nouilles
un petit morceau d’os de poule
une coquille de moule
et pour dessert : du boudin.

— Quoi ? Une coquille de poule

— Juste un petit os de moule

— Pour dessert du boudin de nouilles

— Et tu nous déplaces pour ça

— Tu rigoles CACA
ou quoi ? »

PATATE est très en colère
qui aimait tant le vacherin
et qui n’aime pas le boudin
et ZYGOMARD dit :

— « je me marre !
Est-ce qu’il y a au moins à boire ?… »

CACA explose en sanglots
et dit : — « là aussi j’ai menti
Il n’y a pas de vodka
il n’y a pas de Kacola
Il y a du jus de navet
et de l’eau du robinet

— Ah ! Ah ! Ah !
CACA-nouilles !

— Ah ! Ah ! Ah !
CACA-poule !

— Ah ! Ah ! Ah !
CACA-moule !

— Et CACA-jus de navet !

— Et CACA-du robinet !… »

Que CACA a honte soudain !

Mais en voyant CACA si triste
PATATE n’a plus la frite
et ZYGOMARD a le cafard :

— « Ne pleure pas mon CACA

— Tu n’es pas un caca, CACA

— On est venu pour toi,
CACA

— Ce n’est rien

— Gros bêta, va !… »

(5/6//11//94)


DANS LA COLLECTION : « CACA »
(Pour enfants au stade anal
ou au stade anal prolongé)

— DISPONIBLE :
*CACA invite ses amis.

— PROCHAINEMENT (en préparation) :
*CACA part en vacances.
*CACA part en voyage.
*CACA fait du vélo.




Mon pied

pour inaugurer « Le Coin des enfants » dans la Revue-Polaire.

Y a-t-il moyen de faire pire que « L’Union fatale » ou que « La Vengeance du Gros Minou » ?… Mais, oui, c’est possible ! L’abîme pédagogique est sans fond.MON PIED

(poème qui se récite en chaussettes, puis pieds nus, où il faut prendre son pied et le montrer aux grandes personnes. Si possible, montrer les deux.)

Voici mon pied :
il a cinq doigts
qu’on ne peut mettre dans le nez,
du moins pas tous à la fois !…

— Ah ! comme il a de jolis doigts
comme autant de petits radis
qui rient dans le silence : — « Hi ! Hi ! »
de leur chaussette attiédie !…

— Et ce gros pouce-là qui plisse,
n’est-ce pas une saucisse :

— « un deux trois », qui marche : — « ho hisse ! »
et qui reviendrait du marché ?…

Mon Tonton qui joue du clairon
mange des pieds de cochon.

Quand je verrai des messieurs,
il faudra cacher mon pied,
mon petit garde-manger,
surtout s’ils n’ont pas mangé :
car il sent le camembert
quand je ne l’ai pas lavé !…

(C’est bête, hein !…)




La Vengeance du Gros Minou

pour inaugurer « Le Coin des enfants » dans la Revue-Polaire.

LA VENGEANCE DU GROS MINOU

— « Miaoûu ! » dit le chat, du haut
du château d’eau du hameau
moche, où de moches mioches
chameaux — des lâches ! — cherchent

à l’amocher, à le ha-
cher (les vaches !), chiches mâ-
cheurs de chamalos. Fâché,
tout arnaché des sachets

de chamalos des mioches
lâches, lâché, se cache
le chat cachexique, ta-
ché de mous chamalos mâ-

chés qui lui pendent comme
des tiques. — « Meûh ! » meugle meu-
meu le bœuf… — Veuf. Un train pa-
sse : — « Tchou tchou tchou… » Et le chat

pleure : — « Miaoüû ! » du haut du
grand château d’eau, haut. Mais, du
ciel couleur de mou, le chat
goûte un petit bout. En bas,

les mioches ont peur soudain
et crient : « Papa !… Rintintin !…
Pipi !… Maman !… CACA !… » ; car,
aussi gros qu’un autocar,

soudain, le chat, d’un seul coup,
le ciel happe en un miaoûû,
le grand ciel de caoutchouc,
puis, les croque, comme poux.

(pou au pluriel prend un x et non un s, comme hibou, bijou, genou…)