La Peau Jean-Louis Cloët, 25 janvier 20093 août 2023 C’est la peau qui pense en nous.La tête n’y est pour rien.La tête, non, n’y comprend rien ;elle n’est pas partie prenante :elle n’appréhende rien,elle n’a de mains ni pour saisir, ni pour caresser, ni pour prendre,ni pour donner, ni pour se battre, ni pour serrer à bras le corps… C’est la peau qui pense, pas nous.Il n’est de pensée qu’incarnéequi dit : « Voici mon corps, voici mon sang : prenez, buvez et mangez ! »Il n’est de pensée qu’irradiante,que rayonnante, née de la ferveur des cinq sensreliés par la circularité d’un sixièmeAnge et péremptoire, léger,— « Intuition » ou « Grâce », —rapidepour en faire un Soleil, une Roue Védiquequi tournerait dans l’autre sens… C’est la peau qui pense, c’est tout.Coller sa bouche au sexe aimé,c’est écouter « la bouche d’ombre »,boire la vie à la source.Il n’y a de grande matrice que la grande matrice des cinq senspour féconder, chaste, reine, porter la vie,pour accoucher de la promesse d’une aube enfin certaine,partageable, qui ne soit pas qu’illusoire ;il n’y a que la nuit du corps et de la peauqui puisse enfin sans fin appelerpar-delà même les mains et les bouches ridées qui voudraient embrasserencore. Pour « manger » et pour « boire », il faut du « corps », il faut du « sang »…il faut la peau, il faut des mains et des bouches.Pour apprendre à nommer la viepour la traduire autrement : trésor de tous,Soleil de Chair par-delà l’os,il faut la chair,Grand-Roue de l’Œil du Verbe-Roiqui nous rêve encore, toujours,qui nous prolonge,qui nous étend enfin sans finsans fin,demain,jusqu’au cosmos. [25 / I / 09] Voix (poèmes)