Être « au-delà » Jean-Louis Cloët, 8 mars 20083 août 2023 Souvent, ce qui s’interpose entre les amants, c’est le corps, le quiproquo du corps, le corps-même.Car le corps est un quiproquo, souvent. Le corps n’est jamais qu’un instant…Le corps n’est que l’instant qui passe… Il n’est pas « d’ici » ni de « maintenant ». Ce qu’on caresse, c’est une âme :l’être subtil inatteignablequi se donne et qui nous échappeau-delà des embrassements :qu’« au-delà », nous entrevoyons. Quand on aime vraiment, le corps ne vaut que par-delà ; quand les corps s’aiment vraiment, il sont déjà au-delà. Il faut voir, il faut être « au-delà », toujours.Au-delà des mots, au-delà des gestes,au-delà des apparences… au-delà de ce qu’on enlace,au-delà de ce qu’on caresse… au-delà de la tristesse,au-delà même de la joie… Ce ne sont pas des yeux qu’on aime :c’est un regard ;ce n’est pas une bouche qu’on aime :c’est un sourire ;ce n’est pas une voix qu’on aime :c’est un ton ;ce n’est pas un corps qu’on aime :c’est une présence ;il suffit que l’amour l’achèvepour qu’un visage échappe au temps… En-deçà, par-delà, toujours…Il faut être « au-delà » de soi,de l’autre même que l’on aime,pour l’aimer dans son devenir,le savoir, le vouloir plus beau :savoir qu’il se rejoint,vouloir qu’il se rejoigne enfin,se perdre en lui,quoi qu’il advienne…dire qu’un jour, on le rejoindra. [6-19 / II / 08] Voix (poèmes)