Autour d’Harry Potter Durathor Durathor, 28 juin 20089 août 2023 Le mystérieux « Durathor » — c’est son nom de guerre sur internet, respectons son anonymat — a décidé de réagir à deux articles parus sur POLAIRE : « Harry Potter : Dernier vestige du sacré en Occident ? » & « Tolkien en géographie ». Il le fait avec brio, avec cette conviction généreuse et enthousiaste que nous défendons à POLAIRE, parce qu’elle est sans conteste la condition première, l’élément moteur essentiel, pour « changer la vie », pour bâtir un nouvel avenir. Il inaugure ainsi une nouvelle rubrique : celle du « Courrier des lecteurs ». Qu’il en soit remercié !… Peut-être va-t-il faire réagir à son tour d’autres lectrices ou lecteurs […] ? […]« Durathor » serait-il un précurseur ? Bonjour, Et Tolkien rétorquerait : « Qu’entendez-vous par là ? […]Me souhaitez-vous le bonjour ou constatez vous que c’est une bonne journée, que je le veuille ou non, ou que vous vous sentez bien ce matin, on encore que c’est une journée où il faut être bon ? » (Bilbo le Hobbit.) Tolkien, justement. Depuis que ce météore est passé dans la littérature, les pâles copies plus ou moins creuses explosent tout autour, comme un reflet sur du verre brisé, dépoli pour les plus talentueux, sale pour la plupart. Et flamboyant au milieu, le monument qu’est Harry Potter… Votre explication sur l’absence du sacré dans l’Occident est, à mon humble avis, bonne, très bonne. Il y a un désir de fuir une réalité, disons le clairement, « de merde », une vie sans vie pour 98% du monde, sans bonheur. C’est une volonté de vivre à travers le roman, de s’échapper, qui motive surtout les jeunes ; ce qui demeure une petite passion d’un instant, mais touche — contamine — de plus en plus d’adultes, de femmes et d’hommes. Le bain ambiant des quarante dernières années [« Posez la quarantième bougie sur l’immonde coulis du gâteau soixanthuitard »] est allé si profondément qu’il force des adultes « responsables et libres » à vivre au travers d’une histoire moribonde. Vivre au travers… Un peu exagéré, penserait-on ?— Non… et cela fait pleurer… Citons les événements de sortie de toutes les pâles copies de l’œuvre de Tolkien. Allons-y gaiement : — En 2007, pour la sortie du Cinquième opus de la Série Tara Duncan [qui relate les histoires d’une magicienne qui combat des dragons, quelle originalité…], 2000 fans et inconditionnels [horreur !] ont investi un « grand café littéraire de renom international », la discothèque parisienne de La Scala ; certains venaient uniquement pour cela… du Québec ! Au programme, tous les adorateurs du culte de la série arrivèrent déguisés en personnages de la fiction, et un prix fut décerné aux trois meilleurs… Pour preuve de la dimension horrifiante de la chose, il faut savoir que les fans ont choisi (eux-mêmes !) le nom de « Taraddicts ». Addiction, c’est bien le mot. Et aucune cure de désintoxication pour eux, au contraire… — La saga Les Chevaliers d’Emeraude [qui reprennent en tous points les éléments de Tolkien lorsqu’il parlait de Belfast, eux-mêmes tirés de la légende du Chevalier au Cygne de la mythologie Nordique ; mais si le « Père des Hobbits » fut à la hauteur, « l’auteure » Anne Robillard massacre le mythe], cette saga donc, a donné naissance à une véritable secte, qui étend ses tentacules sur toute l’Europe et outre-atlantique ; les membres organisent de grands banquets, drapés de robes pseudo-moyennageuses, et tout nouveau membre doit prononcer un grand serment de fidélité à l’ordre… Il faudrait saisir la Milivudes [brigade interministérielle de vigilance sur les sectes et groupements], là-dessus. Mais également, et j’en arrive au deuxième point, cette Milivudes est déjà bien trop occupée par la montée en force en France du …satanisme. Les profanations de cimetières augmentent à chaque trimestre, etc. C’est également là une conséquence de l’effet 68. Les jeunes sans sacré, sans valeurs, sans modèle, en voyant les grandes églises désertes, renouent avec le sacré à leur façon : macabre et triste façon. Messieurs les post-modernes ont sur les mains le sang des enfants kidnappés et enchaînés dans les gares d’Europe. Pour preuve d’exemple, les sectes cherchent à renouer avec le sacré et à faire « rêver » les membres. Citons Alliance Kripen [secte sataniste démantelée], qui enlevait des enfants dans les environs de Paris, et qui, lorsqu’elle fut découverte, déclara que les enfants avaient disparu, enlevés par …Uranus ! Les sectes jouent bel et bien sur l’envie de fuir cet enfer du quotidien, avec un sinistre bovarysme… : quotidien hérité de 68, qui a « fait table rase du passé ». Les pâles copies de Tolkien sont bien le reflet des quarante longues années postmodernes, et rassurons-nous, elles en ont encore de belles devant elles… Allez ! citons une des dernières photocopies ternes de son œuvre : Eragon, naturellement, qui reçut comme critique « Une grande œuvre, digne de J.R.R. Tolkien » (sic !). Là encore, la volonté de fuite hors du monde est évidente, et ce par l’emploi d’une carte peuplée de villes aux noms tous plus étranges les uns que les autres, avec moult trémas, accents, apostrophes et autres, pour faire « Oriental », comme le rendent tout de suite les notes noires d’un piano. Où sont les mille références philologiques du génie britannique ? Et n’oublions pas, bien sûr, ce qui est devenu la lettre de noblesse de ces « chefs-d’œuvres du patrimoine littéraire mondial » : l’invention d’une langue, ou de plusieurs, avec des caractères le plus éloigné possible des formes romaines. Tolkien synthétisa son dialecte « Quenya » ou « Qenya » à partir du gallois ancien, de l’anglais classique, du Grec et du finnois. Là, allons-y gaiement : on assemble des lettres, on fait un cadavre exquis et c’est « plié-pesé-vendu-au suivant !… » L’inventeur de la fantasy l’aurait-il inventé en voyant ce que quarante années de « conneries » en ont fait ? Mais bon. Allons au-delà de la cacophonie du poulailler soixanthuitard [post-moderne], qui n’en finit plus de pondre des rejetons dignes de Monsanto ! Rappelons-nous que, sous l’explication de la polysémie de « bonjour » [voir plus haut] dans la bouche de Gandalf, le Hobbit, tout bonhomme de M.Baggins lui répondait : « Tout cela à la fois. […] Et c’est une très belle matinée pour fumer une pipe dehors, par-dessus le marché. » Espérons qu’un jour la folie post-moderne s’envolera comme les volutes de la pie de M.Baggins… — L’espoir fait vivre ! Signé : Disons Anonyme, mais c’est trop personnel, alors écrivons un « Nonyme » : H.Z. Sternis. P.S : Et bravo pour le site ! P.P.S : Vos « vieilleries » de la fin des années soixante-dix remontées de la cave n’auront pas été remontées en vain. [Coup de chapeau.] — Envoi via le site Revue Polaire (http://www.revue-polaire.com/) — Affinités électives (nos invités)