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La Bibliothèque est en feu

Jean-Louis Cloët Jean-Louis Cloët, 27 novembre 20077 août 2023

Accueil > On the rocks (sur le vif, nos billets d’humeur) > La Bibliothèque est en feu

La Bibliothèque est en feu

À nouveau, des espaces de non-droit de la République — des banlieues de la région parisienne — sont en feu, font peser une menace de guerre civile sur tout le pays.
À nouveau, comme en 2005, mais plus violemment encore. Qui est responsable de cette gabegie ?

À QUI LA FAUTE ?

Tu viens d’incendier la Bibliothèque ?

— Oui.
J’ai mis le feu là.

— Mais, c’est un crime inouï !
Crime commis par toi contre toi-même, infâme !
Mais tu viens de tuer le rayon de ton âme !
C’est ton propre flambeau que tu viens de souffler !
Ce que ta rage impie et folle ose brûler,
C’est ton bien, ton trésor, ta dot, ton héritage !
Le livre, hostile au maître, est à ton avantage.
Le livre a toujours pris fait et cause pour toi.
Une bibliothèque est un acte de foi
Des générations ténébreuses encore
Qui rendent dans la nuit témoignage à l’aurore.
Quoi ! dans ce vénérable amas des Vérités,
Dans ces chefs-d’œuvre pleins de foudre et de clartés,
Dans ce tombeau des temps devenu répertoire,
Dans les siècles, dans l’homme antique, dans l’histoire,
Dans le passé, leçon qu’épelle l’avenir,
Dans ce qui commença pour ne jamais finir,
Dans les poëtes ! quoi, dans ce gouffre des bibles,
Dans le divin monceau des Eschyles terribles,
Des Homères, des Jobs, debout sur l’horizon,
Dans Molière, Voltaire et Kant, dans la raison,
Tu jettes, misérable, une torche enflammée !
De tout l’esprit humain tu fais de la fumée !
As-tu donc oublié que ton libérateur,
C’est le livre ? Le livre est là sur la hauteur ;
Il luit ; parce qu’il brille et qu’il les illumine,
Il détruit l’échafaud, la guerre, la famine,
Il parle, plus d’esclave et plus de paria.
Ouvre un livre, Platon, Milton, Beccaria.
Lis ces prophètes, Dante ou Shakspeare, ou Corneille ;
L’âme immense qu’ils ont en eux, en toi s’éveille ;
Ébloui, tu te sens le même homme qu’eux tous ;
Tu deviens en lisant grave, pensif et doux ;
Tu sens dans ton esprit tous ces grands hommes croître ;
À mesure qu’il plonge en ton cœur plus avant,
Leur chaud rayon t’apaise et te fait plus vivant ;
Ton âme interrogée est prête à leur répondre ;
Tu te reconnais bon, puis meilleur ; tu sens fondre,
Comme la neige au feu, ton orgueil, tes fureurs,
Le mal, les préjugés, les rois, les empereurs !
Car la science en l’homme arrive la première.
Puis vient la liberté. Toute cette lumière,
C’est à toi ; comprends donc, et c’est toi qui l’éteins !
Les buts rêvés par toi sont par le livre atteints.
Le livre en ta pensée entre, il défait en elle
Les liens que l’erreur à la vérité mêle,
Car toute conscience est un nœud gordien.
Il est ton médecin, ton guide, ton gardien.
Ta haine, il la guérit ; ta démence, il te l’ôte.
Voilà ce que tu perds, hélas, et par ta faute !
Le Livre est ta richesse à toi ! c’est le savoir,
Le droit, la vérité, la vertu, le devoir,
Le progrès, la raison dissipant tout délire.
Et tu détruis cela, toi !

— Je ne sais pas lire.

(Vianden, 25 juin 1871)

VICTOR HUGO, « Juin », VIII, in L’ANNÉE TERRIBLE.



« OUVREZ DES ÉCOLES !… ET VOUS FERMEREZ DES PRISONS ! »

VICTOR HUGO

[…Des ÉCOLES ! pas des gardes-à-vue de fonction préventives et prospectives, des lycées potemkine, des alibis de lycées qui ne forment que des criminels ou des chômeurs en puissance, avec des profs matons débordés, sans moyens, qui ne peuvent jamais faire cours, dispenser leur enseignement, et qui se font tabasser — au besoin — pour le plus grand déshonneur de la République…]


Viendra un jour — je l’attends, je l’espère, — où l’on traînera au Tribunal de l’Histoire, les démagogues soixanthuitards qui ont foutu l’École de la République par terre, à coups de réformes tuant l’esprit de Patrimoine et de Culture, à coups d’oukases niant tout esprit d’Humanisme, de théories rousseauistes et propagandistes fumeuses qui ne flattaient que leur propre ego vaniteux…

Viendra un jour — je l’attends, je l’espère, — où l’on traînera au Tribunal de l’Histoire, les politicards affairistes, préoccupés seulement de leur réélection, qui, pour flatter les laxismes ambiants, ont supprimé l’Armée de conscription, cette école de la mixité sociale, cette école du citoyen, que la République devait à ses fils, et qui savait brasser les classes…

Viendra un jour — je l’attends, je l’espère, — où l’on traînera au Tribunal de l’Histoire, les doctrinaires nihilistes qui ont sali de leur dérision les anciennes croyances, les anciennes religions [au sens large], les anciennes fiertés, les grands récits qui faisaient union autour d’eux… Viendra un jour où l’on jugera ceux qui ont cassé ces anciennes écoles de la République et de l’homme que furent les Jeunesses Ouvrières Chrétiennes, les Jeunesses Étudiantes Chrétiennes, et les Jeunesses Communistes… pour ne citer que trois exemples…

Viendra un jour — je l’attends, je l’espère, — où l’on traînera au Tribunal de l’Histoire, tous les affairistes véreux, qui n’ont eu pour seule devise depuis ces quarante dernières années que celle de l’absolutisme de leurs intérêts immédiats : « Après nous, le déluge !… »…

Viendra un jour — je l’attends, je l’espère, — où l’on fera comparaître au Tribunal de l’Histoire, ceux, tous ceux qui — sous prétexte de pragmatisme politique et de réalisme économique, ne voyant midi qu’à leur porte — n’ont pas osé rêver l’avenir, un avenir commun, un avenir pour tous et pour chacun, en « Citoyens » !…

Viendra ce jour — je l’attends, je l’espère, — et, si eux tous en doutent encore, convaincus par avance de leur impunité durable, de leur impunité totale, qu’ils le sachent, ce jour vient, ce jour vient enfin, cette fois ils ne l’occulteront plus :

— C’EST DEMAIN ! On va leur présenter la note !
À DÉFAUT DE SERVIR DE MODÈLE, ON SERT D’EXEMPLE.

jean-louis Cloët, ce 27 novembre 2007, dans une France à nouveau au bord de la guerre civile dans ses espaces de non-droit, toujours pas reconquis, où l’État n’existe plus, où l’État n’assume plus sa mission civique.

On the rocks (sur le vif, nos billets d’humeur)

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