Simplement ce qui chante Jean-Louis Cloët, 8 janvier 20084 août 2023 [Pour Claude Girard d’Albissin, père de mon meilleur Ami, le peintre et sculpteur Fabrice Girard d’Albissin (1958-2004) sur qui j’écris en ce moment un livre pour Le partager avec tous. In Memoriam pour les deux, puisque Claude, héros de la Seconde guerre mondiale, qui s’est battu avec les merveilleux goumiers de Monte Cassino, de sacrés combattants, vient de mourir.] Elle est « le chant du monde ».Elle est ce qui console car « qui chante son mal l’enchante ».Elle est ce qui soulève l’âme et qui nous arrache du sol.Elle est ce qui nous fait croire que nous avons eu des ailes jadis… que, si nous sommes démons, souvent, nous avons dû jadis aussi être des anges. Elle est ce qui sommeille en nous. Elle est ce qui veille et éveille. Elle est ce qui meurt et renaît.Elle est ce qui est, qui demeure depuis toujours : elle est immanence.Elle est ce que l’on reconnaît et que l’on n’a jamais connu : comme l’amour, elle seule est une évidence. Elle est hier, et le futur ; elle dilate le présent jusqu’à nous permettre de dire comme Dieu, tout comme un Dieu parfois : « Je suis celui qui suis. » Elle est nostalgie du passé mais surtout du présent qui passe… : elle « Est », et c’est un réconfort. Au cours de nos errances, au cœur de nos tentatives — souvent toutes avortées — d’être, elle est ce réconfort qui parle d’avenir et d’espérance.Elle est l’Espoir.Elle est ce qui peut nous unir à d’autres — au-delà de toutes les distinctions de races, de classes, d’âge — ; elle est ce qu’on a de commun chez les humains avec tout ce qui vit sur la terre. Elle est partage ; elle est l’essence de l’humanitude : ce « chant profond » d’où naissent toutes les harmonies quand elles se font. Elle est le vent qui passe, le sens de l’éphémère ; elle est la source que rien n’assèche ni n’altère ; elle est l’inaltérable qui recrée partout l’enfance, la magie des premières fois.Elle est la confiance qu’on met dans la vie, dans un autre. Elle est écho.Elle est la voix qui nous parle et qui nous rassure.Elle est le jour dans la nuit. Quand elle est la nuit dans le jour… elle éclaire encore.Elle est ce qui se tait toujours. Elle est ce qui parle.Elle est ce qu’il ne faut pas dire et ce qu’il faut dire toujours. Elle est les sens. Elle est l’essence.Elle est le sang qui bat.Elle est du corps glorieux qui ne meurt pas.Elle donne corps.Elle donne corps aux corps eux-mêmes. Elle est caresse. Elle est eucharistique.Elle est à elle seule tout le corps à corps amoureux : ce beau corps amoureux, autre, que les corps rêvent, ce corps de verbe enfin de chair où les corps enfin ne font qu’un, ne font plus qu’un et ne meurent pas. Elle est ce qui porte et donne naissance.Elle est le cri dont tout enfant salue la vie et par lequel tout être assume et entame sa renaissance……dans l’apparence de sa mort. (30/XII/07) Voix (poèmes)