POURQUOI ET COMMENT NAPOLÉON IV RISQUE FORT DE DEVENIR DEMAIN NICOLAS III Jean-Louis Cloët, 1 mai 20086 août 2023 Mai 68 en France ne fut rien qu’une pantalonnade étudiante de petit nantis, hormis pour ce qui concerne le valeureux combat des femmes !…Les rêves des travailleurs de 1968, qui durent se contenter des accords de Grenelle, ne sont-ils pas à nouveau d’actualité par contre en 2008 ?… Sans vouloir jouer les Nostradamus, mais en partant du principe rabelaisien que depuis quelques temps au « royaume de France » tout est perdu sauf l’humour : les esprits superstitieux — ou simplement « religieux » — pourraient y voir un symbole : depuis 1913, la fête du 1er mai, « La Fête du Travail », n’avait pas coïncidé avec la fête catholique de l’Ascension. En matière d’apothéose à venir ou prévisible, serions-nous comme en 1913, à la veille d’un événement majeur, sans le savoir ?… « Sans le savoir » : ce qui ne veut pas dire, pour certains : « sans nous en douter ». Promettre pour beaucoup ce n’est que prêter l’illusion de ce qu’on ne veut pas donner… mais, parfois, aussi, de ce qu’on ne peut pas ou de ce qu’on ne peut plus donner, ce qui est pire !… car, pire que le cynisme assez fort admiré somme toute par les salauds de tout poil dans notre monde sans pitié, il y a l’incompétence. « Gouverner, c’est prévoir… » C’est un fait, une base déontologique en politique comme au reste dans tout domaine. Un ennemi, on peut toujours le remercier de nous donner les bonnes raisons de le haïr, de le combattre… un naïf assez vaniteux pour se croire tout à la fois un « phénix des hôtes de ces bois [1] » et un phare, on ne saurait lui pardonner de nous avoir mené dans l’impasse et de tenter de nous faire croire une fois qu’il nous y a mené qu’on ne s’y trouve pas. Dès août 2007, se voulant — avec « l’humble orgueil d’être soi [2] » — une revue en ligne citoyenne et républicaine, tout simplement,Polaire a attiré l’attention de Monsieur Le Président de la République http://300gp.ovh.net/%7Erevuepol/spip.php?article13 sur la paupérisation croissante et endémique de la population des travailleurs précaires, sur la spéculation galopante des affairistes et des financiers sur les produits de première nécessité et le logement — ceci expliquant cela, — sur le fait que pour la première fois depuis la fin de la seconde guerre mondiale, il y avait en nombre toujours croissant des travailleurs sans logement — on dit aujourd’hui : « sans domiciles fixes » — obligés de vivre à l’hôtel, en foyers ou même dans des tentes. De fait, à ce jour, en deux ans, le nombre de « travailleurs pauvres » a augmenté de 20%. Le constat est là : il y a de plus en plus de travailleuses et de travailleurs actifs dans ce pays — sans parler, bien sûr, des travailleuses et des travailleurs retraités, lesquels touchent bien moins encore — qui ne bouclent plus leur budget, et qui sont obligés de recourir à ce qu’on appelait encore dans les années trente : « la soupe populaire », réalité sordide qui se cache aujourd’hui sous le terme plus poétique de « restos du cœur ». Puisqu’il nous faut de plus en plus du cœur au ventre, le constat est là : les dits « restos » sont en rupture de stocks, comme les autres organismes caritatifs de type « Secours Catholique » ou « Secours Populaire », et pour deux raisons : la première, le doublement ou le triplement selon les secteurs des demandes d’aides touchant de plus en plus de couches de populations des classes modestes et moyennes, d’autre part la parcimonie de plus en plus exponentielle aussi des donateurs. De leur côté, les professionnels de la Médecine observent aussi le retour de pathologies qu’on croyait enfin révolues, vaincues, de pathologies liées à la misère, telles qu’on les voyait prospérer dans les milieux miséreux des « damnés de la terre » contemporains des romans de Dickens ou des discours de Victor Hugo à la Chambre des Pairs sur le travail des enfants. Ce sont des signes qui ne trompent pas ! Par une « Lettre à Monsieur le Président de la République Française », envoyée une première fois le 25 août 2007, puis réexpédiée le 30 novembrehttp://300gp.ovh.net/%7Erevuepol/spip.php?article70nous avions alerté le Chef de l’État français sur ce constat alarmant, parce qu’étant en République, et croyant encore — naïvement, peut-être — aux valeurs républicaines issues de la Révolution française et des « Droits de l’homme », nous pensions que les plus humbles des citoyennes et des citoyens, dont nous sommes, peuvent s’adresser à un représentant élu, et que ce dialogue est le garant de la légimité d’un pouvoir. La réalité en huit mois a dépassé toutes nos prévisions, jusqu’à paraître une fiction tant la situation est encore plus noire que ce que nous avions envisagé : elle semble en effet comme prise d’hystérie et en proie à une accélération de l’Histoire ou plutôt de la post-historicité puisqu’en période de post-historicité ne triomphe et ne règne plus que l’économique au détriment de toute valeur et de tout idéal, de toute doxa. Les derniers scrupules, ou, plus exactement, les dernières craintes de sanctions pour leurs agissements illicites des affairistes et des spéculateurs s’étant dissipées, dissoutes dans leur esprit, comme absoutes par avance par un Président ultra libéral qui a peopolisé la fonction présidentielle, la fonction du Chef de l’État, au point de finir par ressembler à son homologue italien Berlusconi, les mafias des multi et des transnationnales poussées par leurs actionnaires toujours plus avides, plus âpres au gain, n’en n’ayant jamais assez, se sont décidés à lever tout frein à leurs appétits qu’ils savent désormais ou croient désormais pouvoir afficher sans vergogne, en imposant leurs prétentions à de plus grands profits toujours plus sans limites avec morgue et cynisme, jusqu’à ce qu’éventuellement la mort de la poule aux œufs d’or ou de l’âne chieur d’écus s’en suive. À dire vrai — comme le constataient en 1848 Marx et Engels : on y revient — les classes laborieuses reprennent chaque jour un peu plus avec l’écart des revenus qui se creuse le statut d’esclaves. Les capitalistes des banques d’investissement impliqués dans le scandale des subprime, pour compenser leurs pertes liées à leurs boursicotages et à leurs combines foireuses, ont acheté et achètent aujourd’hui encore des silos et des silos de céréales pour en faire monter les cours, et ont décidé d’affamer ainsi au besoin la planète, pour récuper et doubler voire tripler ou plus leur mise ; ils agissent comme Monsento, qui est de son côté bien décidé à devenir un jour maître du monde en ayant la main mise sur toute la production céréalière. Dans une chronique, Corinne Lepage :http://www.relatio.fr/archive/2008/04/14/un-choc-alimentaire-mondial-par-corinne-lepage.html a démonté les processus pervers qui subrepticement se sont mis en place, sans que les politiques réagissent, sans doute pour la plupart complices. En Asie, avec l’augmentation des denrées de base : un milliard de personnes vivent déjà avec moins d’un dollar par jour. Mais les pays les plus touchés par la spéculation sur les denrées alimentaires de première nécessité seront à nouveau ceux de l’Afrique. [Voir à ce sujet : un excellent article qui explique et « panoramise » l’ampleur du problème :http://www.betapolitique.fr/Stop-a-la-speculation-sur-les-04636.html] Si des centaines de milliers de victimes de la faim de par le monde, sans doute des millions même, dans les pays dits du « Tiers-Monde » vont dans les mois qui viennent mourir, les ressortissants, les mis en marge involontaires pour la plupart de ce qu’on nomme « le Quart-monde », vont bientôt également mourir de faim dans les pays d’Europe. La réalité de la faim est à nos portes. La faim en Europe revient. La chose est en cours et en marche. Ainsi s’étendent toujours plus avant les frontières des deux mondes des pauvres, des deux ghettos, qui, de fait cernent l’univers de plus en plus restreint — ils devraient y penser ! — des privilégiés, et, les financiers, les spéculateurs, prédateurs actifs, et les actionnaires, prédateurs passifs, se foutent du tiers comme du quart. M. Sarkozy, apparemment imperturbable malgré ses petits 28 % de côte de popularité positive — si l’on en croit son dernier show télévisé, — en rappelant que le déficit de l’État français date de 1974 et en annonçant la création d’un « revenu de solidarité active » pour 2009, semble penser qu’il dispose encore de quatre ans pour aller au bout de ses réformes avec son équipe remanagée ou non, remixée ou non, selon le bon plaisir de D.J. de sa gouvernance atteinte on le sait de la manie récurrente du miracle d’ubiquité… C’est sans compter sur les Françaises et les Français qui ne vont sans doute pas avoir la patience si longue !… Ne l’ont-ils pas montré dans un passé aux yeux de l’Histoire, la Grande Histoire, somme toute encore récent !… Outre les mouvements sociaux prévisibles, de plus en plus durs et déterminés, les grèves à répétitions, les conflits durs et ciblés, si, comme on peut raisonnablement le penser, dans les mois qui viennent, quelque chose bouge — c’est-à-dire : si rien ne bouge du côté gouvernemental, — verrait-on les insurgés de la misère et du mépris attaquer l’Élysée ou les ministères, les préfectures ?… Non, mais les hypermarchés et les supermarchés sont sans doute les nouveaux Versailles vers lesquels il faut s’attendre tôt ou tard à voir des foules marcher. On a vu la chose au pays modèle pour M. Sarkozy : les Etats-Unis d’Amérique. Peut-être assisterons-nous dans les mois à venir à des scènes de pillage ; peut-être même assisterons-nous au ralliement même dans le camp des pilleurs du personnel surexploité qui fait tourner par son travail les grandes surfaces qui n’enrichissent toujours et chaque jour un peu plus, sous couvert d’inflation mondiale, que les mêmes profiteurs patentés. Des pompes à essence sont déjà attaquées, des camions et des cuves de mazout de particuliers dévalisés ; les transporteurs ont peur et leurs employés ne viennent plus aux pompes qu’en groupes pour éviter de se faire attaquer. 3,5% d’inflation. Le prix des pâtes et du riz a augmenté de 100%. Le prix du gaz, du fuel pour le chauffage, des logements, des loyers, est lui aussi en augmentation constante… Pour le Président Sarkozy, pas d’autre solution que d’accroître le travail pour relancer la consommation : « Travailler plus pour gagner » moins : on connaît la chanson !… Avec des entreprises bénéficiaires en milliards d’euros, qui licencient leurs ouvriers et leur vieux personnel sans aucun état d’âme, pour délocaliser à l’étranger pour pouvoir faire encore plus de profit et l’annonce du fait que la plupart des grands patrons français ont augmenté en 2007 leur revenu de 40% : une question se pose : les « droits » et les « devoirs » des ouvriers, des travailleuses et des travailleurs, des grands patrons cyniques aveugles et des spéculateurs sourds, sont-ils les mêmes ?… Monsieur Sarkozy parle avec lyrisme en effet des « droits » et des « devoirs » de chacun : va-t-il se décider enfin à jouer son rôle d’arbitre et à se faire le garant en matière de finance de la moralité, d’une déontologie de base, au moins de base ?… Qu’en est-il chaque jour de la question des augmentations de salaire dans les négociations salariales ?… Il semblerait que certains syndicats ouvriers dans les ex-pays de l’Est, où la situation des travailleurs est encore plus détestable qu’ici, montrent l’exemple. Que l’on songe au conflit récent mené par les courageux et tenaces Roumains aux usines Renault de Dacia pour une revalorisation de leurs salaires. [Voir : [http://www.hns-info.net/article.php3?id_article=13873- Il est vrai que pour eux l’alternative était claire : c’était gagner les revendications salariales, ou, à court terme, avec l’augmentation des prix et la perte du pouvoir d’achat, mourir de faim… ou presque… en tous cas, plus que jamais, tenter de survivre, et en aucun cas vivre. Comme le génie en Art, la victoire syndicale, la victoire politique passe par la nécessité : « nécessité fait loi » et elle crée le courage, et le talent et le génie. Les conflits récents, comme celui de Coca-Cola à Dunkerque ou celui de La Redoute à Roubaix dont le personnel a entamé sa cinquième semaine de grève — pour n’en citer que deux, mais qui sont particulièrement significatifs de la situation présente et de l’évolution du climat social — nous rappellent que l’attitude de certains patrons au service d’actionnaires chaque jour qui passe plus goulus, plus goulus encore qu’eux, nous ramène peu à peu et inexorablement aux temps de Germinal. Comme il n’y a plus de grand parti de gauche prolétarienne, comme il n’y a plus de grand bloc ennemi et que les anciens pays « communistes » eux-mêmes semblent gagné par la fièvre du capitalisme, les capitalistes pensent que tout désormais leur est permis, que rien ne peut les arrêter, ni les contraindre, ni les freiner, que rien ne peut plus contrarier leur fantaisie : « car tel est notre bon plaisir » pensent-ils. Ils se pourrait fort qu’ils découvrent qu’ils se trompent bien cruellement. Le prouver, compte tenu de la mondialisation du problème, sera à présent l’affaire de moins de dix ans. En Europe en tous cas, et en France en particulier, on est raisonnablement en droit de penser que la nouvelle classe ouvrière — certes qui ne se reconnaît pas encore pleinement comme telle, mais cela ne saurait tarder désormais — constituée des nouveaux travailleurs précaires, des derniers ouvriers des dernières usines tournant encore en France n’ayant pas encore été délocalisées, et de la grande masse des employés du secteur tertiaire et de la grande distribution, va peu à peu s’unir dans le constat qu’elle fait de ses difficultés à simplement survivre, et, ce qu’on appelait « la conscience de classe » qui s’était vaporisée dans un individualisme autiste avec la société de consommation — laquelle avait atomisé chaque individu dans l’illusion de la relative aisance matérielle dont il se contentait à défaut d’imagination, à coups également de soma télévisuel le droguant et faisant de lui un zombie — risque fort de revenir en force. On peut le penser à l’heure où il apparaît comme une évidence pour tous que les plus riches deviennent chaque jour plus riches, les plus pauvres chaque jour plus pauvres, et que les premiers s’enrichissent sur le dos des autres en n’hésitant plus à les voir sombrer dans la ruine totale, le désespoir et même la mort… Contrairement à ce que pensaient les Cassandres postmodernes, dames-pipi patentées des chiottes de l’Histoire, qui en avaient fait leur petit commerce : les utopies ne sont pas mortes, pas plus que les idéologies !…… Qu’est-ce que 80 ans aux yeux de l’Histoire ?… Rien !… Toutes les conditions sont réunies pour qu’un grand parti internationaliste, voire mondialiste, puisse peu à peu se constituer pour résister à la pression, à l’oppression intolérable du Grand Capital affairiste et boursicoteur qui génère et gère l’inflation mondiale, qui, peut-être même programme la chose, non seulement pour son seul profit, mais pour des questions aussi de régulation de la surpopulation mondiale… se donnant ainsi par avance le beau rôle de bienfaiteurs pragmatiques. Pour ce qui concerne « le Tiers-Monde », l’Abbé Pierrre l’avait prophétisé aux Occidentaux coupables : Vous vous êtes pendant des siècles moqués d’eux ; vous les avez volés, exploités, martyrisés ; vous avez rendu leurs pays exsangues : un jour, ils débarqueront chez vous !… Marx et Engels, eux, en 1848, au moment même où en France on abolissait l’esclavage, déclarait que les nouveaux esclaves étaient déjà là pour les remplacer, en Occident même en vérité, aux postes de travail dans les usines. Les acquis sociaux fondant comme beurre à la poêle, pour mettre du beurre dans les épinards des plus riches, il se pourrait bien que l’Histoire, la grande Histoire des luttes sociales et des luttes politiques, revienne à pas de géant, chaussée de bottes de sept lieux, avec un appétit d’ogre. Pour commencer, Mai 68 en France ne fut rien qu’une pantalonnade étudiante de petit nantis, hormis pour ce qui concerne le valeureux combat des femmes !…Les rêves des travailleurs de 1968, qui durent se contenter des accords de Grenelle, ne sont-ils pas à nouveau d’actualité par contre en 2008 ?… [1] .— Nous remercions Monsieur Jean de La Fontaine pour sa contribution à cet article pourtant discrètement polémique, puisqu’il a bien voulu nous céder les droits de cet extrait d’un des vers de sa célèbre fable « Le Renard et le corbeau ». [2] .— Pour emprunter la belle formule au Roumain Eugène Ionesco. On the rocks (sur le vif, nos billets d’humeur)