Haïkus flamands Jean-Louis Cloët, 4 février 20098 août 2023 (1983)*** « EN GUISE DE PRÉFACE » :(1983 : dernier manuscrit orné de calligraphies adressé à Pierre Seghers. Il y en avait eu avant beaucoup d’autres. Il avait particulièrement apprécié ce dernier envoi.)*1 L’araignée met sonfilet. Nuit. Le jour de lalampe se lève. *2 Nuit de bure, maisnuit-femme. Ô Lune ! Ô mame-lon du seul sein nu ! *3 Oeil bridé de lalune… un nuage : sa pau-pière bleue de Khôl. *4 Canicule de-hors. Fraîcheur dedans. Soudain,entre un bourdon d’or. *4 Buissons de sureau.Vent. Leurs fleurs qui s’envolent :mille et cent gazés [1]. *5 À aubes, la rouedu vieux moulin, l’été : fraî-cheur de la noria. *6 Page d’eau, étang.Un banc d’alevins écrit nosdeux noms lentement. *7 Du bord de la ber-ge un héron pique, pêchesa propre image. *8 Matois, tapi, pu-ma, guépard, le chat bondit !— Hop ! une floche… *9 Lisière. Le so-leil près, là-bas… Dieu qu’ils sontlongs les derniers pas [2] ! *10 Si petite, l’a-raignée, sitôt morte ! El-le, si grande alors ! *11 Cascades d’air, l’hi-rondelle pêche. Déjà,la chauve-souris… *12 Bonheur, malheur, com-me ombre et soleil ne sont grandsque si l’autre l’est. *13 Passée du soir, descanards passent. Bruit d’ailesmat. Vent dans les blés. *14 Un petit chien ? — Non,l’oie qui geint, pleure un soleilde plume égorgé. (Hors classement) : * Pipitante unepie passe. Ombre, suit un cor-beau ; puis le silence. * Passée du soir. Ausecond chant du merle, une au-tre voix se tait qui parle. * Ce peu de neige :une colombe s’était en-dormie sur le toit. * Sur la plus hautebranche, la pie que j’ai sau-vée, faisant un vœu. * Je l’ai sauvée fai-sant un voeu, pie, au ciel, el-le vole, voleuse. * Cascades d’air ; les martinetspêchent dedans les éphémères ;les chauve-souris les remplacent * Si petite l’a-raignée sitôt morte, el-le si grande alors ! * Dans l’eau, pleure lesaule ; quand le vent taquinle retrousse, il rit. * Pipitante, une pie passe ;un corbeau suit ;puis, le silence. * Pipitante, unepie passe. Ombre, un corbeau suit.Puis, le silence. * Sur la page d’eau de l’étang,un banc d’alevins calligraphie,lent, deux noms, opiniâtrement. * Le crépuscule s’installant,l’araignée remaille sa toile :jour de la lampe qui se lève * Grisaille. Honteux, lesoleil se cache dans lesrobes du ciel gris. * La jeune-fille, ôses yeux : deux papillons bleussur la même fleur. *** [1] .— Papillons Aporia Cratægi, très répandus en Europe. [2] .— Varia : Lisière et soleil. Voix (poèmes)