Jean-Yves Plamont, ou le Buster Keaton de la poésie Jean-Louis Cloët, 23 mai 20248 juillet 2024 Si vous êtes un fan de Buster Keaton et que vous cherchez le Buster Keaton littéraire, ne cherchez plus, vous l’avez trouvé en la personne du poète Jean-Yves Plamont, le poète cinéaste qui dégaine les gags plus vite que son ombre… Si vous êtes un fan de Paulette Godard, que vous êtes à jamais resté fidèle à l’héroïne des Temps modernes et du Dictateur et que vous cherchez son équivalent dans le domaine de la littérature, ne cherchez plus : vous la trouverez en la personne de l’égérie du narrateur des poèmes-rushes de Jean-Yves Plamont, à savoir la mythique et bouillante, et fantasque, et capricieuse parfois, et même chieuse souvent, et toujours étonnante et tonnante : Katarina… Car Jean-Yves Plamont fait son cinéma, pour notre plus grand plaisir, jouant sur le suspense de notre plus grande surprise qu’il titille et chatouille, plan après plan, histoire après histoire, saga après saga. Car cela fait des années que ça dure ! Eh ! Oui ! … Ça fait même des lustres, qu’il promène sans chapeau le destin plat mais plein de surprises, de charivaris, de tohu-bohus, de rebondissements, de coups de théâtre, de « happy end », d’ « à suivre » de son héros, d’à « la suite au prochain numéro » de clown, de clown souvent triste, triste mais pas toujours, d’ « humain trop humain » espérant. J’ai eu pour ma part la chance de voir naître sur le papier et « l’écran blême de mes nuits blanches » comme dirait l’autre, le petit narrateur de ses films-poèmes ou recueils-films, qui se fait sans cesse des films, et les projette dans notre imaginaire, nous transformant illico presto — Abracadabra ! — en enfants attentifs et médusés, scotchés, accrochés, rivés, ligotés, devant une lanterne magique. Des dizaines d’années, oui, déjà, qu’il tient un public fidèle, fidèle et ravi, en haleine, avec la faconde et la facilité d’un feuilletoniste, et que nous attendons fébrilement à chaque fois le nouvel épisode des aventures de l’homme au destin plat qui connaît pourtant inlassablement le plaisir et les affres des montagnes russes, plutôt tartares, avec sa très chère et terrible, et fongible Katarina, l’implacable au cœur d’artichaud, la Lolita des sun-lights, la Garbo torride des plateaux ! « — Engagez-vous ! Rengagez-vous ! … Vous verrez du pays ! » Car avec Plamont, ça déménage, avec son héros ça voyage : Katarina le contraignant le plus souvent à faire tintin, son héros poussé par le moteur puissant de la frustration est jeté par monts et par vaux [veaux, vaches, cochons…] dans des pérégrinations, des tribulations d’un Chinois en Chine, d’un esquimau ou plutôt d’un pingouin au pôle, ou Nord ou Sud, faisant plusieurs fois le tour de la terre dès que son sang ne fait qu’un tour. Le héros plamontien s’entoure et se nourrit aussi d’une ménagerie très éclectique et surprenante — ours blancs ou gris, manchots, mouettes rieuses, etc. … la liste n’est pas exhaustive — dont les majorettes ne constituent pas l’espèce la moins attachante. Bref, qui est Plamont ? — C’est Keaton qui se promène dans les films de Chaplin avec des allures de Tintin mais la dégaine d’un Tati … Taratata ! … mais sans « tsoin ! tsoin ! », tout ceci, tout cela parfaitement maîtrisé ; oui c’est ça ! Il paraît qu’il aurait récemment croisé des pottoks … — Quoi ? … C’est quoi un « pottok », et que font-ils ? Que vous en dire ? … Asseyez-vous plutôt ; soyez sages : la folie, la drôlerie émouvante et irrésistible commence ! — Moteur ! [Et, en route vers de nouvelles aventures ! …] ——————————————————————— God Save the Pottok de Jean-Yves Plamont aérolithe éditions Plaquette en quadrichromie. Pelliculage mat. 24 pages au format A6 (10,5 x 14,8 cm). Tirage unique à 150 exemplaires. À la Saint Charlemagne (nos coups de cœur)