À propos « Pour retrouver magnétiquement, au-delà, en-deçà des frilosités postmodernes, l’esprit des pôles, le grand Air… » Les temps étant ce qu’ils sont, et nous restant ce que nous demeurons, en cette année 2023, nous avons décidé de réactiver la Revue POLAIRE, bien déterminés que nous sommes à moins que jamais perdre le Nord, mais à nous tourner également vers les quatre points cardinaux selon nos humeurs et l’esprit du temps, magnétiquement. Pour rendre compte des temps présents et tenter de penser, de sentir, à 360 degrés autant que possible, c’est de voyage intellectuel mais surtout poétique dont il s’agit. Par esprit d’éclectisme et de fidélité, nous avons pris le parti de laisser accessibles les archives de nos anciennes pérégrinations [2007-2010], car il s’agit de pouvoir voyager dans le temps également pour mieux s’inscrire dans le présent. — Lectrices, lecteurs, à vos boussoles donc, et sous le vent, levons l’ancre, carguons la toile, partons, voguons… de conserve, de concert bien évidemment, libres ! Jean-Louis Cloët —————————————————————————————————————————————————————— [— Et pour illustrer le tableau allégorique qui vous accueille, Le Port de Dieppe peint par William Turner vers 1826, un poème de Baudelaire de 1869, « Le Port », repris dans Le Spleen de Paris : ] Un port est un séjour charmant pour une âme fatiguée des luttes de la vie. L’ampleur du ciel, l’architecture mobile des nuages, les colorations changeantes de la mer, le scintillement des phares, sont un prisme merveilleusement propre à amuser les yeux sans jamais les lasser. Les formes élancées des navires, au gréement compliqué, auxquels la houle imprime des oscillations harmonieuses, servent à entretenir dans l’âme le goût du rythme et de la beauté. Et puis, surtout, il y a une sorte de plaisir mystérieux et aristocratique pour celui qui n’a plus ni curiosité ni ambition, à contempler, couché dans le belvédère ou accoudé sur le môle, tous ces mouvements de ceux qui partent et de ceux qui reviennent, de ceux qui ont encore la force de vouloir, le désir de voyager ou de s’enrichir.