Aimé Césaire est mort. Jean-Louis Cloët, 30 avril 20082 août 2023 Lève-toi, Nègre ! Mets-toi debout ! Fais claquer ton sang comme une bannière !… parce qu’Aimé Césaire est mort. Lève tes bras, Nègre, bien haut ! Fais résonner le bruit des chaînes dont on a chargé tes aïeux ! Écarte l’horizon de tes bras comme deux érignes pour les invoquer, les faire revenir du passé, toutes et tous — Peuples bafoués — sanglants, vaincus et magnifiques… accouche-les comme d’un sexe !… parce qu’Aimé Césaire est mort. Réveille de la nuit des tam-tams les chants antiques ! Fais danser tous les pieds, recompose les corps depuis longtemps réduits en poudre. Recompose-les par la force de ton esprit guidé par ton père sorcier !… parce qu’Aimé Césaire est mort. Montre ta peau, Nègre ! Mets-toi nu, habillé par les coups des blancs que tu es pour des millénaires : deux fois noir, par la peau, par le sang caillé ; et danse !… parce qu’Aimé Césaire est mort. Mets nue la femme noire aussi au sexe d’antilope, et copule avec les étoiles, avec la Lune, avec la Mer et l’Océan, avec les Îles, les Volcans… parce qu’Aimé Césaire est mort. — Pleure, Nègre : tu n’as plus de père…et, ris ! car il te rend plus fort. [17 / IV / 08] Pères & Mères (nos modèles, nos héros, nos saints, nos valeurs)